#AnnéesObama : Barack Obama 2008 ou comment faire vivre le contraste le plus absolu avec GW Bush ?
Au milieu des années 60, quand la mode a consisté à chercher à mieux comprendre la construction de la campagne de JFK, plusieurs conseillers dont son frère Bobby ont consenti à quelques confidences. Pour expliquer les nombreuses innovations, l’interprétation (ou la légende ?) a voulu que l’équipe de JFK dresse un tableau à trois colonnes.
La première était un thème d’interventions. La seconde visait à établir sur ce thème la position que prendrait un politicien classique. La troisième colonne consistait alors à se positionner à l’opposé de cette attitude classique et à analyser si cette attitude restait possible. L’innovation était alors garanti.
En 2008, Barack Obama a construit sa campagne pour pousser le plus loin possible le curseur du contraste avec GW Bush.
En effet, le scrutin présidentiel de novembre 2008 est intervenu dans un contexte marqué par plusieurs facteurs majeurs à l’importance décroissante :
- le rejet des années Bush,
- La volonté de changement radical,
- La personnalité de Barack Obama.
Les années Bush incarnent : l’incapacité à conduire des améliorations significatives sur des sujets de politique intérieure avec des «scandales» qui ont choqué l’opinion à l’exemple de la catastrophe Katrina. Un Congrès qui est devenu difficilement gérable. Il est en proie à des clivages multiples. Chaque projet présidentiel fait l’objet d’une guerre à l’amendement. Tout est bon pour se démarquer d’un projet présidentiel. Cette guerre à l’amendement trouve une nouvelle mode : l’amendement bipartisan qui est signé par des parlementaires des deux camps. Un pouvoir qui donne le sentiment d’avoir acté un divorce désormais irrémédiable avec l’opinion (à l’exemple de la décision présidentielle d’immunité accordée à Lewis Libby, ex Chef de Cabinet de son Vice-Président). Le Président est apparu coupé du pays. Ce sentiment s’est amplifié par le traitement de certaines affaires qui ont coupé le Président de l’image de morale que son engagement personnel religieux avait créé. Un pouvoir manipulateur qui n’hésite pas à mentir à l’opinion pour parvenir à ses fins.
La feuille de route de la nouvelle Administration Obama semble calquée sur le comportement opposé à ces repères des années Bush.
Le quotidien intérieur mobilise toute l’action présidentielle. Des «plongées» dans les relations internationales interviendront mais Barack Obama est d’abord là pour régler les questions de politique intérieure.
Le Congrès est un accélérateur du changement. Le débat n’est plus sur le thème des amendements bipartisans mais sur la ligne de fracture au sein du Parti Républicain entre ceux qui donnent une chance aux mesures Obama et ceux qui souhaitent ouvertement l’échec.
L’opinion est une invitée permanente au dialogue. Les nouvelles technologies sont mises à contribution pour permettre cet échange. Mais surtout, comme rien ne peut remplacer le contact direct, deux mesures occupent une place privilégiée :
- les déplacements sur le terrain,
- les contacts avec des salles qui permettent l’échange direct.
Enfin, la sincérité et la transparence sont des valeurs sans cesse défendues comme des priorités. L’opinion Américaine n’a jamais pardonné à GW Bush de l’avoir engagée dans des décisions sur la base de critères erronés voire mensongers. Cet élément intentionnel avait donné naissance à une réelle colère populaire sous la forme d’un détournement de confiance. L’opinion était prête à pardonner des erreurs mais pas des mensonges. Cette dimension morale est donc désormais l’un des moteurs majeurs de la nouvelle Présidence consciente qu’une confiance cassée ne se regagne que très difficilement. La campagne 2008 est une véritable rupture sur tous ces points.