Années Obama : la nécessité d'un inventaire sérieux
4 novembre 2008 : Barack Obama accède à la Présidence des Etats-Unis. Le regard des Français sur les Etats-Unis changeait. Pour les Français traditionnellement plutôt américanophobes, l'image du Président cachait alors celle de tous les Américains. Obama c'était David vainqueur de Goliath (Hillary Clinton), une détermination à toutes épreuves, un parcours éreintant ...
Barack Obama c'était l'image des Etats-Unis aimée par les Français : cool, capable d'auto-dérision, une Amérique humble soucieuse de respecter les autres pays, une famille unie, des discours forts porteurs d'émotions ... bref, un Président comme les Français en rêveraient probablement pour leur pays.
10 ans qui paraissent désormais aujourd'hui si loin. Trump a succédé à Obama. L'ère post-vérité d'un bloc a remplacé les nuances d'hier. Le "America First" a remplacé l'Amérique parmi les autres ... Et la liste pourrait continuer longtemps.
Barack Obama cachait-il une réalité de l'Amérique annoncée dès les élections intermédiaires 2010 avec la naissance du Tea Party ? Ou décalait-il la montée inéluctable d'une version plus dure de l'exercice d'une présidence avec la succession pour un profil comme Donald Trump ?
Un profil comme Donald Trump qui s'installe, sous des versions différentes dans d'autres Démocraties occidentales manifestement.
La crise économique durable dans la foulée de 2008 a-t-elle trop fragilisé les repères classiques des classes moyennes ? Dans de telles conditions, une présidence modérée comme celle de Barack Obama voue-t-elle à une logique identique ailleurs ? La France ? Si ce risque existe, comment l'éviter ?
Ce sont des questions sérieuses qui mériteraient un examen considérable plus fouillé que le survol actuellement opéré.
La même réflexion sérieuse devrait entourer l'impact des réseaux sociaux sur les processus électoraux. 2008 fut le faire part de naissance des réseaux sociaux avec la campagne Obama. Ils devenaient l'outil de mobilisation des pairs : un voisin, un ami ... et l'émancipation vis à vis des structures des partis politiques. 10 ans + tard, les réseaux sociaux sont installés au coeur des campagnes électorales. Ils font vivre les campagnes électorales. Ils en rythment leur quotidien. Mais dans le même temps, ils ont introduit une autre révolution : l'ère post-vérité. Il y a désormais tellement de sources d'informations que les récepteurs cherchent la vérité qu'ils veulent. Celle qui les conforte dans leurs convictions de départ. Une étape qui mérite la réflexion puisqu'elle signifie qu'il n'y a plus de vérité ... vraie. Sous cet angle, la cohésion des collectivités est sérieusement mise à l'épreuve. 10 ans après le 4/11/08, l'univers politique est méconnaissable. Si une accélération identique s'annonce, difficile de dessiner les contours des prochaines campagnes électorales.