A la recherche du successeur de Barack Obama : et si c'était ... elle ?
Depuis sa fin de campagne, Alexandria Ocasio-Cortez fait la démonstration qu'elle est indiscutablement l'un des plus prometteurs talents de la politique américaine. Il faudrait beaucoup de mauvaise foi pour oser affirmer le contraire.
Constat de ces derniers jours : Alexandria Ocasio-Cortez est actuellement l'une des rares à continuer à communiquer comme si elle était encore en ... campagne électorale. Et c'est très réussi. D'abord parce qu'elle évite ainsi la rupture brutale de communication des autres candidats désormais élus ou battus. Et ensuite parce qu'elle met en relief le parcours d'une nouvelle élue au Congrès. Remarquable communication.
Mais surtout, au moment où le Parti Démocrate est à la recherche du successeur de Barack Obama, Alexandria Ocasio-Cortez suscite une interrogation nouvelle qui est déjà une forme de pré-réponse : "le nouvel Obama ? Et si c'était elle ?".
Pour voir le fondement de cette question, il faut revenir à la campagne Obama 2008. Où est la rupture alors revendiquée par Obama ?
Deux valeurs fondamentales :
- il y a un intérêt général qui dépasse la somme des intérêts particuliers,
- les solutions passent par la renaissance de la démocratie.
C’est ce contenu même du discours d'Obama qui est alors le plus novateur.
Le premier socle consiste à «tourner la page». La crise provient de comportements qui ne doivent pas se reproduire. Le système qui a créé la crise non seulement n’est plus crédible mais il est fautif. Il faut donc évoluer vers un autre ensemble de règles porté par de nouveaux leaders.
Ce nouvel ensemble de règles doit reposer sur une place nouvelle accordée à la notion d’intérêt général.
Le discours de Barack Obama n’est pas le «retour de l’Etat», c’est la naissance de l’intérêt général dans la politique Américaine. Jusqu’alors, la politique Américaine reposait sur la notion de l’équilibre consenti entre des intérêts particuliers qui doivent négocier pour dégager un terrain d’entente. La notion même d’intérêt général était très extérieure à la politique Américaine.
L’intérêt général fait en 2008 une entrée fracassante dans la politique Américaine ; d’où alors le débat sur la «socialisation» de la politique.
Classiquement, deux questions se posent immédiatement :
- qu’est ce que l’intérêt général ?
- qui en a la charge ?
A la première question, Barack Obama répond par des grandes causes nationales comme la défense de l’emploi, la mise en place de la couverture santé, l'enseignement, la lutte contre les exclusions …
A la seconde question, il a tendance à répondre que sont concernés tous les décideurs politiques mais bien au-delà. C’est ce dernier volet qui ajoute à la nouveauté. Obama veut faire renaître la démocratie. Il récuse la notion de citoyen spectateur pour évoluer en permanence vers celle de citoyen acteur.
Toutes les images vont dans cette direction principale : retrouver le sens d’une communauté où chacun agit.
Cette notion de «citoyen responsable» est la création principale de l’élection de novembre 2008.
Elle a expliqué la mobilisation presque sans précédent. Obama redéfinit le «minimum vital» des démocraties modernes en termes d’information, de participation, de mobilisation.
C’est le langage quotidien du suffrage universel moderne.
C'est le même socle conceptuel que celui d'Alexandria Ocasio-Cortez. Et comme Obama, elle ajoute un charisme personnel hors du commun. Et elle ajoute deux autres défis : femme et latino.
Il reste un point dur : l'âge.
Mais nul doute dès 2020, elle sera aux premières places. Pas à la première. Mais dans les toutes premières. Comme Obama avec ... Kerry 2008.