Donald Trump et son réalisme face aux crises de l'opinion
En 2016, Donald Trump est le candidat qui a le mieux diagnostiqué et accepté les trois caractéristiques fortes de l’opinion Américaine : elle est éclatée, elle est déboussolée, elle est en mal de revanche.
Elle est éclatée, parce que devant les échecs multiples de la classe politique classique, chacun échafaude ses propres recettes. La guerre d’Irak a désacralisé les médias classiques. Bien davantage, les nouveaux supports via Internet ont créé leur espace en amplifiant la démonstration des erreurs des médias classiques.
L’opinion publique est déboussolée, parce qu’elle n’a plus confiance. Cette confiance est ébranlée par les mœurs politiques de Washington qui semblent corrompues, par la fonction présidentielle qui semble coupée des préoccupations de la vie quotidienne tout particulièrement des classes moyennes.
L’opinion publique est en mal de revanche. En 2016, la revanche a «joué son rôle» au sein même des candidats Républicains où la prime à l'anti-système a fait la différence.
Ce contexte a décidé du profil du «bon candidat» et de la «bonne campagne».
Ce que la campagne de Donald Trump a indiscutablement annoncé dans les démocraties occidentales, c'est la crise de la représentation politique. Une crise longtemps larvée qui est devenue de plus en plus profonde.
Cette crise est d’abord une crise d’identité du personnel politique. Les illustrations en sont nombreuses. L’étiage militant faiblit. L’affirmation de leadership est bloquée par des querelles internes sans fin. La fonction parlementaire n’a pas retrouvé son lustre. La fonction gouvernementale est désormais affectée par un affaiblissement sans précédent.
L'espace pour une logique différente de gouvernance s'ouvrait. Donald Trump a perçu cet espace et il l'occupe avec efficacité conservant une cote d'approbation qui est loin d'être en crise et dont se contenteraient de nombreux autres responsables politiques occidentaux. Donald Trump a introduit trois ruptures de fond :
- même à la tête du "système" il se dissocie du "système",
- il vit par les résultats,
- et les résultats se vivent dans l'immédiateté.
Ces trois règles sont peut-être à méditer dans d'autres démocraties occidentales ?