Quand le New York Times donne une leçon de politique avec le phénomène Beto O'Rourke
A l'aide d'un très long article sur Beto O'Rourke, le New York Times (09/12/18) met en relief des fondamentaux de la politique trop souvent oubliés. Au sujet du phénomène qu'est Beto O'Rourke, le New York Times pose de réelles questions de fond ayant valeur à des enseignements quasi-généraux.
D'abord, le New York Times fait un constat d'une terrible lucidité. Comment est-il possible qu'un candidat ayant perdu une campagne (sénatoriale du Texas) après un parcours parlementaire (Chambre des Représentants) quasi-insignifiant peut-il suspendre une primaire présidentielle d'être candidat ou pas ? Et dans la foulée être reçu par un ex-Président (Barack Obama) presque dans la fonction de conseiller pour sa présidentielle ... ?
Rahm Emanuel a posé une question de fond : "comment la défaite peut-elle rendre aussi enthousiaste ?".
L'apport de Beto O'Rourke est à 4 niveaux. 1) La confirmation que le processus classique de présidentialisation a volé en miettes. Donald Trump en a été la première preuve. Beto O'Rourke ajoute à cette preuve. Si les critères anciens demeuraient en place, Beto O'Rourke ne pourrait pas être qualifié. 2) Mais Beto O'Rourke incarne deux qualités majeures actuellement : la proximité et l'enthousiasme. La proximité a été l'axe de sa campagne au Texas : visiter les 254 comtés. Mais est-ce possible sur le plan fédéral ? Non. Par conséquent, comment peut-il faire vivre cette dimension de proximité lors d'une présidentielle ? C'est un vrai marqueur majeur. Et l'enthousiasme. Beto O'Rourke crée de la curiosité. Peut-il la transformer en Beto-mania ? Là aussi, difficile à dire. 3) Mais une présidentielle vit par "le joker". Cette dose de neuf et d'interrogation. Les médias doivent susciter l'audience par le suspens. Sans suspens, il n'y a pas d'audience possible. Beto O'Rourke est devenu le joker de la primaire Démocrate parce qu'il introduit une dose d'inconnue. 4) Beto O'Rourke a changé la donne au Texas par ses méthodes de communication : le "candidat IPhone". Mais cette méthode peut-elle être appliquée à une présidentielle ? Ou son application peut-elle apparaître simplement comme la reproduction de ce qui a déjà été fait au Texas ?
Tous ces constats comme ces questions ne vont pas tarder à avoir des réponses dès que Beto O'Rourke aura communiqué sur sa décision. Et les premières semaines du jour d'après son annonce de plus en plus probable s'annoncent passionnantes et décisives.