Mitt Romney ou le dernier des Républicains modérés ?
Le vrai tournant de la présidentielle 2020 sera très probablement le choc entre deux versions très radicales. Les radicaux sont en force chez les Démocrates : Sanders, O'Rourke, Warren. Le camp Républicain s'unit autour de Donald Trump. Mitt Romney débute sur un chemin étroit, peut-être une impasse (?) : la modération.
Pendant de nombreuses décennies (probablement jusqu'en 2016), une présidentielle américaine se jouait au centre. Il fallait parvenir à mobiliser son camp mais pas au prix de dissuader des "indépendants" de rejoindre le candidat en question. Dès que les "indépendants" étaient perdus, la campagne l'était aussi. Donc les campagnes radicales étaient vouées à l'échec.
Donald Trump a tout changé. Il ne parle qu'à son électorat et creuse en permanence le fossé avec les concurrents. C'est un double pari : celui de la mobilisation et celui du choc de deux Amériques difficilement ré-conciliables. Sur le premier point (mobilisation), cette logique est efficace à l'étape des primaires puisqu'elle parle aux plus militants. En revanche, le pari sur les deux Amériques est plus novateur. C'est une approche qui répond à une analyse fine de la carte électorale et qui joue à fond la logique des délégués pour gagner. C'est ce qui est le plus dangereux parce qu'à terme cette logique pourrait déstabiliser tous les repères institutionnels classiques ouvrant deux contestations : celle du rapport des nombres de délégués par Etat et la règle que le vainqueur remporte tous les délégués de l'Etat ce qui apporte une disjonction avec un réel calcul fédéral.
Ces logiques radicales sont contestées par Biden chez les Démocrates et Mitt Romney chez les Républicains. Le premier va pouvoir se compter dans la primaire qui s'engage. Le rapport des forces sera rapidement clarifié. Le second s'est déjà compté avec sa "sortie" contre Trump. Le temps des modérés chez les Républicains semble passé. La campagne 2020 s'annonce donc très violente en conséquence.