2020 : Beto O'Rourke peut-il être un "Obama blanc" ?

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Draft Beto vient d'accélérer le rythme de la communication avec notamment une vidéo très directement inspirée de la vidéo de Barack Obama en 2012 pour le lancement de sa candidature. Beto o'Rourle peut-il être le "Barack Obama blanc" de 2020 ?

Barack Obama in Cincinnati Ohio, 071612

Très souvent, la campagne Obama 2008 est réduite aux moyens technologiques. Cette approche nous paraît vouée à l’échec pour deux raisons :
- elle confond objectifs et moyens,
- dès qu’une campagne sera baptisée comme «Obama bis», elle perdra sa force parce que le propre de la campagne d’Obama est d’avoir reposé sur l’innovation.

Facebook, Twitter, Internet … ont été les moyens, les outils d’une campagne qui reposait sur un objectif considérablement plus ambitieux : répondre au besoin d’idéal de la société Américaine.

La campagne 2008 d’Obama, c’est d’abord la soif d’idéal. Sur le fond, la campagne Obama 2008 c'est une dialectique entièrement nouvelle.

Dans cette soif d’idéal, c’est aussi la rencontre entre le «je» et le «nous». Pour donner un sens à sa vie, il faut assurer la rencontre de soi et des autres. Le développement personnel passe par un engagement social.

Ce parti pris d’idéal, c’est l’axe stratégique de la campagne de Barack Obama.

Le choix fort a été ensuite, grâce à des outils, d’offrir de s’associer à cet idéal pour le transformer en idéal commun. Ces outils ont «vendu de la relation».

Mais Barack Obama a d’abord «vendu de l’idéal» y compris par la force de son propre cursus personnel mais bien au-delà par le symbole de tous ses grands projets.

Les outils ont permis de bâtir l’adhésion du grand nombre à cet idéal puis de s’affirmer comme une «marque».

Parce qu’on adhérait à la campagne de Barack Obama, on montrait que l’on partageait une vision et des engagements.

Ce faisant, il a probablement annoncé le renversement d’une tendance qui condamnait l’idéalisme au profit du réalisme. Il a annoncé la «conscientious living», c'est-à-dire un style de vie mesuré qui est la recherche de sens.

La campagne Obama a démarré comme créatrice de valeur. Par son succès, elle est devenue créatrice de mode.

Au moment où elle est devenue créatrice de mode, les «premiers engagés» ont d’ailleurs mal vécu la perte de leur différenciation initiale.

Les rencontres avec les acteurs de la première heure étaient très significatives. Ils exprimaient presque une forme de regret d’être désormais suivis par tant de personnes. Ils s’estimaient dilués, dépassés. La marque distinctive initiale était en voie de disparition.

Par conséquent, toutes les approches qui consistent à analyser la communication de Barack Obama comme la mobilisation de réseaux communautaires, l’émergence d’un style de «cool attitude» qui rompt avec l’image classique du pouvoir … nous semblent passer à côté de la vraie vague de fond : répondre à la soif d’idéal comme rencontre entre un engagement personnel et une mobilisation collective.

C’est le moment où la politique vient à la rescousse de la vie ; ce qui explique d’abord la mobilisation militante puis celle civique du vote.

Parce que la vague de fond était celle-là, la crise d’octobre 2008 a amplifié la portée du phénomène Obama. La crise financière devenait la démonstration objective d’un radeau à la dérive.

La confrontation entre ce nouveau style (Obama) et l’incarnation de ceux qui avaient failli au point d’amener le bateau au point de couler (McCain) produisait des effets encore plus implacables.

D’où la sévérité de la sanction qui montrait la volonté de tourner une page avec force et détermination.

L’ampleur du succès électoral de Barack Obama a été dépendante de cette accélération conjoncturelle qui a d’ailleurs totalement écrasé les dernières semaines de la campagne alors même qu’elles étaient décisives dans des circonstances ordinaires.

Avec des techniques nouvelles de communication et dans ce contexte marqué par un particularisme fort, l’originalité de la communication de Barack Obama tient à deux facteurs :
- il remet à «la une» le leader de charme,
- il restaure la place de l’intérêt général.

Sur l’image du leader, Barack Obama marque d’abord le retour en force du leader de charme.

Il est en campagne permanente avec de très nombreux déplacements sur le terrain.

Ses déplacements produisent toujours le même visuel : le rassemblement, l’action, le dialogue, la mobilisation.



Beto O'Rourke est-il capable de recréer ce climat ? La personnalité de Donald Trump se prête à un contraste de ce type. Mais le jeu est plus compliqué. D'une part, Beto O'Rourke doit se méfier de reproductions trop identiques qui altéreraient sa capacité à innover. D'autre part, il reste le doute sur le niveau de soutien que peut donner Barack Obama à Joe Biden ? La copie pourrait être désavouée par l'original ... Très dangereux.

  • Publié le 2 mars 2019

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