Alain Juppé et la tempête des primaires 2016
Alain Juppé quitte la scène de la vie politique active. Il a été au centre d'une Juppémania qui a duré une séquence longue de 2011 à l'été 2016. Puis une rupture brutale qui résume toute la tempête des primaires 2016.
La "mode Juppé" a débuté au printemps 2011. Pendant 5 ans, Alain Juppé a été une référence. Président avant l'heure, tout tournait autour des actes et des mots d'Alain Juppé à qui la présidentielle 2017 semblait ne jamais pouvoir échapper. Et cette primaire pour "l'élection imperdable" pour la droite française a tourné au drame collectif. Elle a "crucifié" un ex Président. Elle a exclu un présidentiable d'ancrage central. Elle a désigné un candidat qui n'était pas en situation de postuler pour la victoire finale compte tenu de suspicions d'affaires multiples. Tout s'est joué en quelques semaines sur des bases totalement imprévisibles et imprévues.
Cette séquence temps a apporté trois enseignements forts. 1) Les primaires valent d'abord par la mobilisation des plus radicaux. C'est un choix de communautés. Le vainqueur n'est pas le meilleur présidentiable mais celui qui est capable de donner naissance à une communauté. 2) Tant qu'il était à la mode, Alain Juppé était perçu comme ... sympathique. Dès que cette mode passait, Alain Juppé redevenait le "technocrate froid, distant ...". La mode vit véritablement par le regard d'autrui et non pas par la réalité des caractères.
3) La politique française n'est pas encore prête à consacrer des grands féodaux locaux ayant fait leurs preuves sur le terrain. Alain Juppé a fait de Bordeaux une réussite hors du commun. François Fillon n'avait jamais eu de mandat municipal significatif et Emmanuel Macron jamais le moindre mandat public du tout. Toutes ces références ont été balayées. La tempête des primaires 2016 annonçait déjà de nombreuses autres secousses dont les actuelles.