Grenoble Agglomération : chronique de crises engagées
A près de 320 jours des élections municipales, l'agglomération grenobloise est entrée dans 4 crises majeures inédites à ce point. C'est la chronique des crises engagées. Chaque crise vient de loin. Et chacune d'elles montre le déraillement de situations locales.
Première des 4 crises : la fracture territoriale entre la ville - centre (Grenoble) et le péri-urbain. Août 2017, un collectif (Cercle du Sud Grenoblois) annonce sa création. Il accompagne son lancement de propositions constructives concrètes à destination de l'agglomération. Deux jeunes responsables de la société civile (Aline Kozma et Claude Soullier). Près de 2 ans plus tard, un seul contact pris par la Métropole ? Non. Ce mépris qui n'est plus toléré et qui a créé un divorce considérable entre les citoyens et les élus sortants de la Métropole.
Seconde des 4 crises engagées : la crise de la morale. Les rapports de la Chambre régionale des Comptes se suivent et se ... ressemblent. La liste des gaspillages de l'argent public s'allonge en permanence pour aboutir à des sommes folles. Mais dans ce contexte, un rapport ajoute de la crise aux crises déjà nombreuses : les Pompes Funèbres Intercommunales de la Région Grenobloise. Là, on entre dans une autre dimension. Quel peut-être le lien entre les Pompes Funèbres Intercommunales (PFI) de la Région Grenobloise et une bouteille de whisky Lagavulin de 16 ans d’âge (parmi les + chères sur le marché mais seulement 1 des 1 208 bouteilles d’alcool achetées par les PFI ces seules dernières années) ? En préalable, il faut rappeler que l’actionnaire n°1 des PFI à hauteur de 80 % du capital c’est la Métro. Donc les élus de la Métro composent en conséquence à hauteur de 80 % les instances de décision des PFI. Et au moins une fois par an, comme filiale de la Métro, les PFI doivent remettre un rapport d’activité à leur “maison mère” : la Métro. Dans cette chaîne de décisions, que révèle rapport de la Chambre Régionale des Comptes ? 1) Des salaires considérables pour l’équipe de direction. La DG a une rémunération annuelle de 261 000 € + logement de fonction + voiture de fonction. Avec des rémunérations légèrement moindres, il en est de même pour 5 directeurs délégués : logements de fonction + véhicules de fonction. Et un dispositif de “retraites chapeaux”. Même le Président (élu de la Métro) a une grosse berline de fonction payée par les PFI. 2) Le budget “fêtes et cérémonies” est très élevé et monte même une année à 115 000 € (page 48/105 du rapport). Une année, les PFI vont jusqu’à offrir 642 agendas au prix unitaire de 30 € HT. Là on est en droit de se demander ce que peut cacher une dépense de ce type : qui peut sérieusement imaginer avoir le “plaisir” de feuilleter toute l’année un agenda de … pompes funèbres ou la mort dans sa poche ou sur son bureau ? 3) Les voyages défilent : Barcelone, Madrid, Bologne, Amsterdam … Le voyage à Amsterdam coûte à lui seul 24 388 € ! 4) Et la cave des PFI : 1 208 bouteilles achetées ces seules dernières années. 1 208 bouteilles dont la Chambre Régionale des Comptes indique ne pas être parvenue à établir la traçabilité de la consommation. Un chiffre qui n’écarte pas les “belles sorties ou fêtes” : une cérémonie coûte à elle seule 18 000 €. Et les repas au coût de 100 € par convive sont légion. Voilà une mentalité “open bar” sur les tarifs de la mort, du deuil. 5) Et qui décide ? Impossible à trouver. Pas de rapport annuel en ligne. Le seul nom qui est possible de retrouver via la rubrique image de Google c’est celui du Président de l’époque, Marcel Repellin, toujours élu influent à la Métro.
L'émission Envoyé Spécial aurait été destinataire d'un dossier très complet et serait sur les rangs pour un reportage.
Troisième crise : la désillusion des frontières politiques. Ici, un Sénateur LR proche de Bruno Retailleau se réunit avec des élus ... PS et En Marche pour tenter de composer une liste aux municipales de Grenoble. Des élus En Marche participent à de telles réunions en excluant d'y convier la Députée ... En Marche (Emilie Chalas) qui a déjà officialisé sa candidature aux municipales de Grenoble? Sacrée ambiance. Et la tête de liste des Républicains de Laurent Wauquiez aux dernières municipales de mars 2014 travaille ouvertement pour composer une liste avec d'ex-adjoints de ... Michel Destot, PS. Qui est encore capable de s'y retrouver dans ce contexte mérite une médaille de "chasse aux trésors".
Quatrième crise : celle du quotidien avec la crise des déchetteries. La Métropole révise tout le fonctionnement des déchetteries. Elle ferme des déchetteries de proximité.
Elle change les horaires. Elle communique mal. C'est la contestation généralisée. Y compris de la part d'élus influents de la majorité de la Métro. Au-delà des déchetteries, c'est la crise de tout un système. C'est la première fois qu'une intercommunalité XXL devient ainsi la caricature de dysfonctionnements répétés insupportés par les citoyens. Impossible que de telles réalités n'impactent pas sévèrement les élections de mars 2020.