Agglomération grenobloise : la contestation du PLUi gagne en soutiens
Le Plan Local d'Urbanisme Intercommunal (PLUi) bat son plein dans l'agglomération grenobloise. Pas moins de 2 500 requêtes contestataires auraient été déposées. Des élus qui ont voté le projet de PLUi se démarquent désormais en affichant la volonté d'une mise en révision immédiate après les élections municipales de mars 2020.
Si bien qu'une question nouvelle prend corps : le PLUi : mort avant d’être né ? A 260 jours des élections municipales, quelques semaines après la cloture de l’enquête publique sur le projet de PLUi (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal), il y a des déclarations officielles qui sont des coups de tonnerre. Au départ, les opposants au PLUi sont peu nombreux : le Club 20, des spécialistes de l’urbanisme (Véronique Emin, Me Bernard Gallizia …). Puis le Cercle du Sud Grenoblois, co-présidé par Mme Aline Kozma et M. Claude Soullier, fait une avancée considérable : l’inscription de la révision immédiate du PLUi parmi ses priorités.
Et d’un coup tout s’accélère. Ce qui est en cause : la place de la nature dans l'ensemble de l'agglomération grenobloise face à la culture de la "dent creuse" qui anime les majorités sortantes voulant que chaque espace libre soit voué à l'urbanisation densifiée.
Cette urbanisation densifiée a perdu un argument de poids : le supposé manque de logements. En effet, l'agglomération grenobloise compte 17 740 logements vides (chiffre officiel INSEE 2017) : un gâchis considérable.
Or le PLUi reposait sur un postulat : il faut bétonner pour répondre à la demande locale de logements ! Et sur la base de ce postulat, chacun d’imaginer une tension considérable entre l’offre et la demande de logements, tous les logements occupés, donc des jeunes couples presque obligés de décaler leur installation faute de logements disponibles. Mais ce postulat est faux.
Il y a aujourd’hui 17 740 logements vides, vacants, inoccupés dans l’agglomération grenobloise. C’est le chiffre officiel de l’INSEE. Et il date de 2017. Or chaque année ce chiffre augmente dans l’agglomération grenobloise. Ce chiffre était officiellement de 13 000 en 2010. En 7 ans, il est passé à … 17 000. Une progression considérable. Que traduit ce chiffre ? 1) Une fuite en avant des décideurs publics qui ont renoncé à examiner sérieusement et à traiter les raisons de la vacance d’un logement. L’une des raisons, c’est la localisation dans des quartiers qui ne sont plus attractifs. Et il y a un constat d’abandon de ces quartiers. Est-ce bien raisonnable durablement ? 2) Une autre raison, c’est le décalage entre l’offre et les attentes de la demande. Sous cet angle, c’est la remise en cause du montant des budgets publics pour la maintenance des logements. 3) C’est parfois une cause totalement spéculative : laisser à l’abandon progressivement un immeuble pour en négocier ensuite une destination nouvelle entièrement différente de l’ancienne. Dans tous les cas de figures, c’est un gâchis considérable. Et le PLUi, loin de corriger les racines de ce mal, accélère la fuite en avant en augmentant l’offre de logements donc en augmentant probablement le nombre des logements vacants, vides, inoccupés dans d’autres géographies de l’agglomération. Ceux qui défendent la diversité d’habitats dans l’agglomération défendent aussi la nécessité d’une approche réaliste sur ces logements vacants. Bientôt des quartiers entiers avec des logements vides ? Qui pourrait s’en satisfaire ? Sur un volet important, le PLUi donne ainsi le sentiment d'avoir fonctionné à partir d’un coup de bluff.
D'où une mobilisation plus forte que jamais. L'urbanisme sera manifestement au coeur des prochaines municipales dans l'agglomération grenobloise.