Alexandria Ocasio-Cortez et le retour du discours en termes de classes
La véritable fracture actuelle au sein même du Parti démocrate réside dans la place de la logique de classes dans l'analyse et surtout dans l'offre des candidats Démocrates.
C'est un sujet ancien. Le meilleur analyste de ce volet a probablement été David Axelrod dans un article paru dans le Philadelphia Inquirer le 31 août 1995. A cette époque, David Axelrod est un consultant. Il écrit notamment : "... dès lors que nous avons de plus en plus recours aux privilégiés pour financer notre campagne, nous sommes réduits à la position de ne pouvoir rien faire pour les salariés. Nous passons d'ailleurs notre vie avec des personnes qui nous disent : cessons de parler en termes de classes". C'est un diagnostic qui est à la fois cynique et positif. Il peut paraître cynique car, sous certains volets, ce refus de l'approche de classes peut être considéré comme visant à permettre de collecter davantage de fonds. Mais il est positif car il signifie que l'approche va consister à réunir, rassembler. Ce qui sera d'ailleurs toute la logique de la campagne 2007 de Barack Obama (inspirée par ... David Axelrod comme conseiller chargé de la stratégie). Toute la logique de la campagne de Barack Obama consistait à faire appel à des thèmes qui dépassent le discours de classes. Il en a posé les jalons dès son discours de 2004 à Boston lors de l'investiture de John Kerry.
Or aujourd'hui, l'aile radicale du Parti Démocrate, tout particulièrement sous l'influence de Alexandria Ocasio-Cortez, systématise un discours de classes. Chaque fois dans son histoire récente que le Parti Démocrate a procédé ainsi, il a perdu la présidentielle. C'est le volet le plus inquiétant pour lui dans la présente période. La circonscription d'AOC est tout sauf le miroir de la réalité électorale des Etats-Unis.