La France dans la salle d'attente du cumul des rages ?
En 2016, Donald Trump a été le pur produit du Tea Party. Le Tea Party, né en 2010, c'est quoi pour l'essentiel ? L'expression des rages contre les élites qui avaient été incapables en 2008 de prévoir la crise, de résoudre rapidement la crise et surtout des élites non impactées par la crise à la différence du "peuple" à la base confronté alors notamment à des saisies immobilières records.
Pour son faire-part de naissance politique, Donald Trump avait besoin d'une crise de l'élite politique et d'une volonté de sanction de cette crise. C'était son socle indispensable.
En France, le Covid-19 change la donne. 1) Il consacre le crépuscule de la France d'en haut. Ce constat est désormais non pas le produit d'une construction intellectuelle mais d'un constat concret de la France d'en bas : les masques, les tests ... 2) La France d'en bas a trouvé ses "nouveaux héros" : les personnels soignants, les routiers ... et les maires. Bref les pairs de la proximité. 3) C'est un climat politique totalement nouveau pour un pays qui a toujours célébré son histoire de centralisation qui est le culte de l'Etat fort. Or, l'Etat n'est manifestement plus fort.
En 2017, Emmanuel Macron était le choix du "non système" mais par un produit du ... système. Là, le climat peut faire naître un ou des produits entièrement différents : des anti-systèmes radicaux. Ce creuset a des obstacles en France pour une concrétisation politique : les règles mêmes de la présidentielle : son financement, ses parrainages ... Ces modalités sont des boucliers du système. Mais si les rages devaient exploser face à la crise économique d'ampleur qui s'annonce avec ses conséquences sociales, ces boucliers résisteraient-ils encore en pleine période de démocratie d'opinion réactive et diffuse comme jamais ? C'est LA question politique de la rentrée de septembre, période de "chauffe" pour la présidentielle 2020 au moment où les partis politiques sont particulièrement affaiblis ...