Afghanistan : Joe Biden et la leçon des années Reagan
Les années Reagan ont été un tournant pour la vie politique américaine. Pour la communication, car Reagan a été le "grand communicateur". Il a inventé l'intelligence émotionnelle appliquée à la politique. Il ne parle pas de politique mais des valeurs qui guident la vie de tous les jours : un sujet, une anecdote, un sourire et l'adhésion est emportée. C'est le produit d'un travail méticuleux. Il invente le "Président Téfal" celui à qui aucun échec ne colle à la peau.
Tout est scénarisé. C'est un spectacle permanent avec un "happy ending". Reagan est le héros qui lance les grandes aventures contre tous les courants contraires. Avec Reagan, la politique devient une histoire.
Dans la dernière ligne droite avant le vote en 1980, Reagan achète des espaces publicitaires sur les grands réseaux. De quoi parle-t-il alors ? Des dossiers les plus importants ? Il raconte "qu'il vient de perdre un ami (John Wayne) et juste avant sa mort, cet ami lui a fait prendre un engagement simple : donne à l'Amérique une raison de vivre et elle triomphera de tout".
C'est l'optimisme hollywoodien avec une présentation manichéenne d'une extrême simplicité.
Le 4 novembre 1980 à soixante dix ans, Reagan devient le plus âgé des Présidents élus mais le plus moderne de ses Présidents.
Il va mener sa gestion présidentielle comme ses campagnes. Une fois les dossiers les plus sérieux de la planète traités, le Président repart dans son ranch, monte à cheval, taille le bois. C'est sain, sportif, viril faisant référence aux clichés les plus forts du Far West.
En 1980 l'élection est brillante. En 1984, la confirmation l'est autant. La personnalité est adulée même si l'opinion est plus mesurée sur le bilan concret.
Le 6 novembre 1984, Reagan remporte 49 Etats sur 50 réunissant 59 % des électeurs sur l'ensemble de l'Etat fédéral.
Avec l'Afghanistan, Joe Biden a rompu avec cette logique du récit de l'Amérique qui triomphe de tout. Le prix politique pourrait être très lourd lors des élections intermédiaires de novembre 2022. Il pourrait être catastrophique si le terrorisme devait retrouver une actualité internationale à partir de la base arrière que serait redevenu l'Afghanistan.