Justin Trudeau et le défi de la nouvelle campagne électorale
Justin Trudeau met en évidence une réalité souvent ignorée : comment se renouveler lors d'une nouvelle campagne électorale ? Une campagne électorale doit être un rendez-vous de séduction qui permet d'ouvrir de nouvelles pages d'une destinée collective. Il faut donc trouver les termes, les images de cette nouvelle page.
Sur le contenu, Justin Trudeau peine à trouver des nouveaux thèmes. Il annonce des priorités si proches de celles de 2019 :
"...
Les Canadiens ont un choix clair à faire dans le cadre de cette élection. Alors qu’Erin O’Toole et le Parti conservateur pourraient ramener le Canada en arrière, nous sommes prêts à continuer de faire avancer le Canada avec un plan audacieux et ambitieux pour bâtir un avenir meilleur.
✅ Accordons la priorité à la santé et à la sécurité des Canadiens.
✅ Mettons en œuvre un nouveau plan audacieux sur le logement abordable.
✅ Appuyons les femmes et les familles et donnons à chaque enfant le meilleur départ possible dans la vie, avec des services de garde à 10 $ par jour et plus de places en garderie.
✅ Luttons contre les changements climatiques et protégeons l’environnement pour nos enfants et nos petits-enfants.
✅ Et finissons-en avec la lutte contre la COVID-19....".
Sur la forme, 2021 est un copier-coller de 2019.
La seule novation concerne l'entrée en puissance du micro-ciblage. Ainsi, sur la seule Province de Québec, la Parti Libéral aurait segmenté le corps électoral en 680 sous-groupes. Et à chaque sous-groupe son message. Le micro-ciblage a fait son entrée en politique en Californie en 2006. Puis il a connu un bond avec le referendum sur le Brexit (juin 2016). Puis la campagne de Trump (novembre 2016) avec d'ailleurs des passerelles probables sur les moyens (Cambridge Analytica). Le volet des big data est désormais au coeur des campagnes électorales. Et le Canada le vit actuellement. L'inconvénient majeur, c'est qu'à force de segmenter le corps électoral, le "projet commun" tend à disparaitre.