Valérie Pécresse et l'art de l'éloquence
C'est un sujet très peu abordé : la fonction des grandes réunions publiques et celle du discours clef. Les grandes réunions publiques ont pour fonction essentielle de motiver les militants. Pour militer, il faut croire à la victoire. Pour croire à la victoire, il faut des démonstrations de force collective.
Dans ce contexte, le discours du candidat est le temps fort clé. L'art de l'éloquence suppose des points de passages obligés. Ils sont reconnus comme étant au nombre de 5. 1) Une voix : la voix est le support de base. C'est le packaging du contenu. 2) Un contenu : ce contenu doit viser à mettre en ordre le récit du passé et surtout le récit de l'avenir. 3) L'identification claire de la "terre promise" : l'objectif à atteindre. 4) L'incarnation par son propre parcours : être et non pas promettre. 5) Une formule clef qui résume le contrat : Obama et son "Yes we can".
Les Etats-Unis ont tout dernièrement connu deux orateurs exceptionnels : Deval Patrick et Barack Obama. Obama dès Boston 2004 au Fleet Center avait démontré ses capacités. Jon Favreau, sa plume, a entièrement construit une écriture inclusive : les formules devenaient les images du quotidien. Michelle Obama dans les 10 derniers jours avant novembre 2008 a effectué des discours d'une formidable intensité.
Deval Patrick a gagné la fonction de Gouverneur du Massachusetts grâce à ses discours : là aussi, une capacité à scénariser le quotidien et son parcours personnel.
En France, actuellement, les grands orateurs sont peu nombreux. Valérie Pécresse a commis l'erreur de céder au format de la "grande messe". Elle aurait dû évoluer vers une forme de table ronde avec des questions réponses car manifestement la "grande messe" ne lui convient pas. Eric Zemmour et Jean Luc Mélenchon sont les deux meilleurs candidats actuels dans l'art de l'éloquence. Mais si Emmanuel Macron réussit un très gros premier meeting avec un discours très haut de gamme, Valérie Pécresse aura du mal à vivre la concurrence avec sa prestation d'hier. Alors, dans la comparaison, ce sera un tournant dans la campagne comme pour Marine Le Pen le débat manqué de 2017.