Elisabeth Borne et la crise climatique
Sondage très intéressant de Harris Interactive sur les Français et les risques naturels. Quels sont les principaux enseignements de cette enquête ? D’une manière générale, 92% des Français estiment que les risques naturels sont importants dans le monde, un sentiment quasi-unanime et stable depuis l’an dernier. En revanche, ils ont aujourd’hui davantage le sentiment que ces risques peuvent les toucher directement : en effet, 48% ont le sentiment que les risques naturels sont importants autour de chez eux, dans leur zone d’habitation (+4 points par rapport à l’an dernier). Aussi, comme l’an dernier, les Français ne cachent pas leur pessimisme quant à l’évolution des risques naturels à l’avenir : quelle que soit la zone envisagée, du plus loin au plus proche de chez soi, on anticipe que les risques vont s’accentuer.
Par rapport à l’an dernier, les Français ont revu à la hausse la probabilité d’un certain nombre de risques naturels pouvant se produire autour de chez eux. Après un été marqué par plusieurs périodes de fortes chaleurs, 80% des Français estiment désormais que les canicules sont fortement probables dans leur zone d’habitation (contre 69% l’an dernier, soit une hausse de 11 points). Aussi, après les feux de forêt qui ont également marqué l’actualité de cet été, 40% des Français estiment désormais que de tels incendies sont probables autour de chez eux, quand ils n’étaient « que » 32% l’an dernier. Les orages et les vagues de froid sont eux aussi perçus comme plus probables que l’année dernière, bien que dans une moindre mesure.
Les Français ont donc, bien plus que l’an dernier, le sentiment que les risques naturels peuvent les toucher directement près de chez eux. Et pourtant, ils ne montrent pas davantage de signes de préparation face à ces éventualités. Les Français se sentent même moins bien informés aujourd’hui que l’an dernier au sujet des risques naturels qui pourraient affecter leur zone d’habitation (-4 points, passant de 53% à 49%), et leur sentiment de maîtrise face aux différents risques envisagés est globalement en baisse par rapport à l’an dernier. Face à un cas concret, celui de fortes pluies avec risques d’inondations, les Français mentionnent heureusement dans une large majorité les bons réflexes… qui n’excluent pas certains comportements à risques (aller chercher ses enfants, chercher à rassembler son foyer, notamment).
Au final, entre le sentiment d’une augmentation des risques et celui d’un baisse de maîtrise des bons réflexes, reste à créer chez les Français le déclic d’une meilleure préparation (se renseigner, préparer son foyer, équiper son domicile, etc.) qui a peu évolué par rapport à l’an dernier.
Une fois de plus, une opinion bloquée sur des perceptions très contradictoires. Un réel défi de gestion pour Elisabeth Borne et le Gouvernement au moment où la crise climatique renforce la perspective de risques naturels majeurs.
Enquête réalisée en ligne les 6 et 7 octobre 2022. Échantillon de 1 018 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région d’habitation de l’interviewé(e).