5 novembre 2024 : la naissance du "trumpisme"

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44 ans après la victoire du reaganisme, les États-Unis connaissent une véritable nouvelle révolution américaine. Il y a des facteurs communs entre ces deux tournants mais il y a aussi beaucoup de différences.



S'agissant des facteurs communs, c'est la victoire d'une nouvelle logique conservatrice contre la social-démocratie chic. C'est aussi la guerre des médias qui a produit de nouveaux équilibres notamment grâce aux réseaux sociaux qui ont défendu des valeurs de droite particulièrement maltraitées par des médias mainstream. Il y a indiscutablement un réveil religieux de l'Amérique dite profonde. La mentalité des bons citoyens contre l'élite de Washington a beaucoup compté. Les bons citoyens qui doivent lutter contre une vie quotidienne difficile (inflation + chômage + insécurité +...) et une élite de Washington coupée de ces réalités du quotidien.

Le reaganisme a également reposé sur le refus de l'impôt fédéral et sur la défense d'un état fédéral minimum. Valeurs qui ont occupé une place très importante dans la campagne 2024 de Donald Trump.

A côté de ce tronc commun, il y a des différences notoires. La différence essentielle réside dans la défense du mode traditionnel de vie face au wokisme. En 1980, ce défi n'existait pas. La Californie était alors populaire. Aujourd'hui ce défi existe. Il est incarné par les échecs des grandes villes des deux rives Ouest et Est. Ces échecs deviennent répulsifs pour la quasi-totalité des "Etats du centre" qui veulent défendre leur identité classique. Sous cette forme là, il est possible que le trumpisme impacte bien au-delà des seuls États-Unis d'Amérique mais encore faut-il que ce courant de pensées trouve des personnalités fortes ayant vocation à l'incarner.

Ce qui ouvre le débat sur le paysage des profils politiques français. Existe-t-il à ce jour un homme ou une femme capable de révéler un tel tempérament pour canaliser un vote sur ces valeurs ?

En réalité, en France, être révolutionnaire c'est être aujourd'hui de droite libérale. Ce n'est pas du tout être de gauche.

C'est être de droite parce que pendant près de 40 ans la France a été gouvernée à gauche, tantôt par la gauche officielle labelisée tantôt par une droite qui en réalité menait un programme qu'elle souhaitait être adoubé par la gauche. Depuis 1981, à l'exception de quelques éphémères périodes de la présidence Sarkozy, la France n'a pas connu de gouvernance de droite. Et il est encore davantage établi qu'elle n'a jamais connu de gouvernance de droite libérale c'est-à-dire une gouvernance qui redéfinisse les fonctions de l'Etat pour les concentrer sur les priorités régaliennes, qui libère l'initiative privée notamment face à la bureaucratie et aux impôts records, qui ouvre des champs d'initiatives et donc d'expérimentations de la part des collectivités locales ... : bref une autre logique dans la gouvernance des politiques publiques.

Jusqu'en 2020, la droite radicale française n'a jamais voulu accéder au pouvoir national. Elle a toujours raté la "dernière marche" probablement volontairement compte tenu de l'ampleur des fautes commises alors dans les moments décisifs. Ce temps semble révolu. Mais faut-il tourner cette page au prix de devenir un "parti comme les autres" ? Il y a matière à douter. Surtout, cette droite là n'est pas libérale. Elle ne l'a jamais été.

La révolution conservatrice française est donc totalement à concevoir et plus encore à mettre en oeuvre. Mais elle tourne le dos à des carcans durables qui ont tellement structuré le débat politique français qu'il y a matière à sérieusement en douter. Le reaganisme n'a jamais impacté la vie politique française. Il en sera probablement de même pour le trumpisme... ?

  • Publié le 10 novembre 2024

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