Obama et Huckabee remportent des primaires chargées d'enseignements qui dépassent le seul Etat de l'Iowa
Barack Obama et Mike Huckabee remportent les primaires dans des conditions qui mettent en évidence des enseignements durables sur l'actuel climat de l'opinion américaine.
Sept messages ont été passés par les électeurs de l'Iowa. Ces messages dépassent, et de loin, le climat de ce seul petit Etat rural.
1) Une fois de plus, la présidentielle se jouera sur le thème du changement. C'est un retour aux classiques. La thématique du "nouveau" et du "futur" domine chaque présidentielle américaine. Même avec les tensions au Pakistan, laissant prévoir une poussée de la valeur "expérience" (travaillée par Hillary Clinton), la vague sera celle du "changement". Obama a occupé ce pouvoir d'évocation de longue date. Il en récolte les fruits. Dans les minutes qui ont suivi les résultats de l'Iowa, John Edwards a lancé un lourd routage à ses relais ayant pour titre "A Wave of change" corrigeant l'accroche de sa campagne et se préparant à "surfer" lui aussi sur ce thème.
2) Le second message qui explique le score inquiétant d'Hillary Clinton, c'est le thème du changement appliqué d'abord "aux moeurs de Washington". Sur ce volet aussi, l'opinion américaine s'avère d'une forte constance. C'était le message passé dès les dernières élections du mid term en novembre 2006. L'opinion manifeste sa confiance en "la sagesse collective" contre les "gribouilleurs de Washington" qui incarnent le "big government", celui qui écrase, tue les libertés, incarne la bureaucratie perverse. C'est ce climat qui "plombe" la candidature Clinton car elle incarne à la fois Washington et l'intelligentsia de la côte Est. Dans ce climat, ces deux traits peuvent s'avérer impitoyables. La campagne de John Edwards "we the people" a été à l'origine de son rebond.
3) La primaire démocrate s'annonce ouverte. Obama va incarner le changement. Edwards va incarner le vote utile car il est le mieux placé pour gagner la finale contre un républicain. Il reste à Hillary Clinton de rester dans la course en attendant des territoires plus "porteurs pour elle" dont la côte Est qui apporte un lot important de délégués. Les trois candidats majeurs vont intensifier leurs démarches comparées et faire disparaître rapidement les autres candidats. Dodd et Biden viennent d'ailleurs d'annoncer déjà leurs retraits officiels et définitifs.
4) La primaire républicaine va se jouer dans le prochain Etat. Si Romney est encore battu ce sera la démonstration que son ancrage religieux est insurmontable au sein des militants républicains. Huckabee devra montrer sa capacité à dépasser sa situation de "vainqueur par défaut" pour s'affirmer en véritable leader charismatique. Cette évolution n'est pas acquise. Une "arrivée" de nouveaux candidats après le New Hampshire n'est pas à exclure dès l'instant qu'il sera avéré que les profils Romney, McCain et Giuliani laissent un "espace de tir".
5) L'argent ne fait pas le score. Edwards et dans une mesure incomparable Huckabee ne seraient jamais à cette place si le volume des dépenses conditionnait le classement. C'est un point souvent négligé mais qui demeure important.
6) Si l'argent ne fait pas le score, c'est que l'opinion américaine est d'abord un "juge à enjeu". Le résultat dépend d'abord de l'enjeu retenu par l'opinion et donc de la capacité du candidat à être identifié comme la "bonne réponse à l'enjeu du moment".
7) Il faut suivre maintenant les ralliements liés au retraits. Certes, il s'agit de quelques points qui ne permettent pas aux intéressés de courir pour la victoire mais ces ralliements valent de l'or comme appoints. Ils ajoutent mais surtout donnent la stature de rassembleur donc d'unificateur du parti qui est l'étape ultime vers le succès.