François Bayrou n'est-il pas actuellement le principal héritier de mai 68 ?

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François Bayrou est celui qui incarne le mieux à ce jour l'héritage de mai 68 par le jeu permanent de la contestation et de la recherche d'un nouveau pouvoir.

Mai 68 c'est d'abord le refus du pouvoir tout puissant et de l'uniformité.

Sous cet angle, le leader qui incarne actuellement le mieux cet héritage c'est François Bayrou.

Au moment où nous célébrons le 40 ème de Mai 68, il paraît naturel et même indispensable de s'interroger : que reste-t-il de l'esprit de mai 1968 ?

Chacun garde des images fortes :
- les barricades où la jeunesse s'exprime avec conviction,
- - des formules qui promettent une "autre vie",
- cette fusion des classes qui donne le sentiment que la révolution est au coin de la rue en permettant à chacun de "prendre ses désirs pour des réalités".

Au-delà des clichés, l'esprit de Mai 1968, c'est d'abord l'aspiration à la liberté.

Cette aspiration a d'ailleurs largement dépassé le territoire Français comme le seul rapport politique de forces.

Elle a contaminé la Tchécoslovaquie, les Noirs aux Etats-Unis, la Pologne, Berlin ?

Elle a concerné certes un nouveau rapport de pouvoir mais aussi et bien au-delà dans les relations familiales, sexuelles, culturelles...

Par cette force, Mai 68 est une indiscutable référence. Une référence pour ceux qui veulent célébrer cette avancée comme pour ceux qui veulent liquider cette période.

C'est le repère historique d'un temps nouveau : celui de l'affirmation.

C'est la naissance de la société moderne.

Une société qui ne peut plus vivre l'autorité avec le simple recours de la contrainte par la force. C'est pourquoi, le slogan qui a probablement le plus marqué les esprits est celui "il est interdit d'interdire".

Ce slogan est probablement la meilleure synthèse de l'esprit initial de Mai 68.

C'est justement par rapport à ce slogan que l'on peut apprécier la réalité du bilan de l'esprit de Mai 68.

L'autorité contestée d'hier a trouvé un nouvel allié : le conformisme. Le conformisme, c'est la liberté perdue par affinité avec un schéma qui guide dans la douceur et l'adhésion. Sous cet angle on est donc loin de l'esprit rebelle de 68. On est loin de l'affirmation d'un individualisme qui doit régner sur tout.

Ce conformisme n'a-t-il pas fait naître une forme redoutable de totalitarisme avec un modèle quasi-unique de consommation, chacun derrière son ordinateur, le téléphone cellulaire à l'oreille pour se rendre dans des grands centres commerciaux avec des produits de plus en plus identiques au-delà des frontières ? Dans ce contexte, qui pourrait sérieusement prétendre que la société de consommation n'a pas gagné l'après Mai 68 ?

Sur le plan politique, c'est Bayrou qui incarne le mieux la quête d'affirmation face au pouvoir même si cela pose de serieux problèmes.

Les Français ont conscience de cet acquis et sa stature présidentielle se consolide ainsi dans la solitude.

  • Publié le 28 mai 2008

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