Barack Obama et John McCain optent pour des financements différents
Barack Obama a renoncé aux fonds publics tandis que McCain choisit ce régime. C'est une différence bien plus ample qu'une simple question juridique.
McCain vient de confirmer le choix du financement public. Cette décision signifie que McCain est désormais tenu de respecter un plafond de dépenses de 85 millions de dollars entre la Convention et le jour du vote.
Quant à Obama, n'ayant pas choisi ce régime juridique, il n'a pas de plafond de dépense. Il faut préciser qu'Obama est en train de battre les records de levée de fonds. A fin avril 08, il avait levé au total 266 millions de dollars.
Pour bien prendre conscience de la nouvelle donne actuellement connue par les Etats-Unis en matière de collecte de fonds, il faut avoir à l'esprit des repères simples.
1) La collecte de fonds est l'enjeu premier de chaque campagne. Les sommes en question sont considérables. Des chiffres parlent d'eux-mêmes. Aux USA, pays qui traite ce volet financier avec la plus grande transparence, on estime que pour l'ensemble des comités électoraux qui se chargent des campagnes pour les élections à la Chambre des Représentants ou au Sénat, l'évolution suivante est intervenue :
1960 : 20 millions de dollars,
1968 : 44 millions de dollars,
1976 : 540 millions de dollars,
1980 : 1, 2 milliard de dollars
1988 : 10 milliards de dollars,
1995 : 40 milliards de dollars.
Ces chiffres n'intègrent pas les dépenses pour les élections présidentielles.
2) Il n'y a pas de corrélation entre le montant de la dépense et la victoire ou l'échec. L'argent n'achète pas le succès électoral. Toutes les études sérieuses conduites dans ce domaine montrent, à chaque époque, que les candidats disposant des plus gros moyens matériels n'emportaient pas automatiquement la victoire.
La vraie question n'est pas tant de savoir si l'argent joue un rôle décisif lors d'une élection mais pourquoi il n'a pas été un facteur déterminant ?
Sous ce volet apparaissent deux constats :
* l'argent est soumis à la loi des rendements décroissants. L'électorat se fatigue d'être bombardé d'appels électoraux trop répétés,
* si une vague de rejet du pouvoir en place est forte, aucune cagnotte électorale ne pourra l'endiguer.
3) Dans cette compétition à la collecte de fonds, les Républicains ont traditionnellement un avantage considérable. Pour la première fois, les démocrates sont en tête à ce jour. Ils sont en tête grâce aux sommes records collectées par Obama et Clinton.
4) Non seulement les démocrates collectent davantage de fonds que les Républicains mais au sein des démocrates c'est un candidat pour une première présidentielle qui a devancé une ex-First Lady habituée des réseaux.
Comment expliquer cette situation ?
Pour l'essentiel, Barack Obama a mis en place la première collecte de fonds via Internet par un système de relais de collectes.
Il a été le premier à poser comme principe d'efficacité que la collecte c'est le don personnel + l'amorçage d'une chaîne de donations complémentaires.
Le donateur ne doit pas considérer qu'il a rempli son apport en envoyant sa participation. De façon indissociable, son apport passe par la mise en place d'une véritable chaîne et il en est de même pour chaque autre donateur de cette chaîne.
Internet est ainsi devenu le meilleur réseau de collecte de fonds. Obama a innové.
Il restera une logique Obama dans la collecte des fonds bien au-delà de son résultat dans la présidentielle 2008.