Ségolène Royal était-elle la "Barack Obama" de la présidentielle 2007 ?

  • Segolene Royal
  • Barack Obama

Le parallèle entre la candidature de Ségolène Royal en 2007 et celle de Barack Obama en 2008 recèle des enseignements majeurs.

Ces deux leaders politiques ont le même socle : une candidature à la fonction suprême qui change les habitudes et paraît même corriger une "erreur" ou pour le moins une injustice : comment une part si importante de la population a dû attendre aussi longtemps pour disposer d'une candidature de ce type à une présidentielle ?

D'un seul coup, le message est porté par la personne même du candidat. Ce faisant, cette candidature porte alors un second message immédiat : le neuf.

Encore faut-il gérer le neuf dans le temps. Là réside un terrible défi.

Ségolène Royal a perdu son capital "nouveauté" lorsque de novembre 2006 à janvier 2007, elle est devenue une candidate socialiste comme les autres. Jusqu'alors, elle était neuve parce que la première femme mais aussi par son discours qui changeait dans de nombreux domaines. Elle pratiquait la "triangulation" conceptualisée par Morris, conseiller de Clinton et premier responsable de sa résurrection à partir de 1994. Il s'agit d'aller chasser sur les thèmes consensuels des concurrents sans s'aliéner sa base électorale traditionnelle.

Ségolène Royal a conduit cette démarche en donnant un contenu nouveau au thème de l'ordre, en prenant des distances avec le corps enseignant, en rétablissant l'importance de la valeur familiale très occupée par la droite d'ordinaire en France.

Mais l'entrée dans la campagne "officielle" a été marquée par le retour aux concepts classiques de la gauche quand elle combat la droite. Le retour sur ces bases habituelles a fait disparaître le neuf.

Obama est confronté aux mêmes défis. Sur l'Irak par exemple, il a considérablement atténué sa position.

Mais surtout, le neuf ne garde de l'attractivité que s'il reste différent et positif.

Pour respecter ces deux valeurs, il faut prendre le risque d'une campagne totalement new look. Le parallèle avec JFK est intéressant. En 1960, JFK était lui aussi d'abord neuf par sa jeunesse dans un cursus alors marqué par une certaine gérontocratie. Il a assumé sa jeunesse jusqu'au bout. Là fut la naissance de sa légende. Ted Sorensen et Bob Kennedy ont révélé des techniques de recherche de la nouveauté qu'ils avaient explorées à cette époque et respectées.

Dès que le neuf se patine en se rangeant aux usages, la campagne perd de son originalité, de sa valeur ajoutée. Elle va à l'échec.

C'est le défi rencontré actuellement par Barack Obama. Il doit assumer son originalité. Le camp républicain cherche à montrer que cette originalité "mènerait dans le mur". C'est à lui de laisser espérer le contraire. S'il se banalise, c'est la défaite assurée.

Il reste 100 jours, c'est long.

  • Publié le 28 juillet 2008

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