François Bayrou gagne à faire du "Sarkozy"

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Le leader du Modem change de statut actuellement et trace sa voie sérieusement vers la présidentielle 2012 en appliquant les méthodes de celui qu'il combat prioritairement : Nicolas Sarkozy.

François Bayrou est actuellement le candidat à la mode.

Il est à Sarkozy ce que ce dernier fut à Chirac de 2002 à 2007 c'est à dire "le contre portrait" permanent.

Après les grandes batailles idéologiques, le temps de la " guerre des images " domine.

L'opinion ne veut plus des idées mais des personnalités.

En réalité, ce n'est pas seulement une affaire de mode, des facteurs structurels profonds durables expliquent cette évolution.

Tout d'abord, la France est en panne d'idées. Même si elle se refuse à l'admettre, son "modèle" a volé en éclats.

L'opinion refuse de regarder en face certaines réalités : le poids de la dette, les conditions de lutte contre le chômage, l'impact durable de la concurrence internationale et probablement aussi l'évolution désormais structurelle à la baisse du pouvoir d'achat.

Par conséquent, il n'y a aucune raison de pouvoir considérer aujourd'hui que la France soit au "bout du tunnel". Le spectacle permet d'évacuer ce débat d'idées que l'opinion n'a pas encore accepté d'ouvrir sérieusement.

Ensuite, deuxième facteur, l'élection présidentielle écrase la totalité de la vie publique française à plus forte raison avec la mise en place du quinquennat.

De l'Élysée, tout découle. Cette présidentialisation du régime rime avec personnalisation. La présidentielle met tout en perspective.

Enfin, cet État spectacle repose également sur une nouvelle logique de communication. Hier, le candidat était un communicant généraliste mettant en avant un programme adapté à une multitude de situations détaillées.

Aujourd'hui, c'est le règne de l'élection à enjeux.

Une campagne ne repose plus sur la logique de bataille projet contre projet mais véritablement une bataille image contre image.

L'opinion est assiégée par une multitude d'informations.

L'efficacité n'est pas la dispersion sur de très nombreux thèmes d'exposition mais bien au contraire l'approche de concentration sur un ou deux enjeux majeurs qui vont véritablement constituer la grille de lecture structurante de la décision de l'opinion.

Sous cet angle, ce choix est déterminant. Ce n'est pas une approche aléatoire ou de hasard. C'est un véritable processus stratégique imposant une sélection rigoureuse.

La campagne actuelle de François Bayrou s'inspire très directement de celle de l'actuel titulaire du Palais de l'Elysée sous le mandat précédent.

Il veut incarner le nouveau style, celui qui tourne le dos aux pratiques de l'actuel pouvoir.

La présidentielle est ainsi transformée en referendum sur le profil du sortant.

Dans ce schéma binaire, il faut de l'hyper-visibilité et pas de nuance. C'est la tactique mise en oeuvre par François Bayrou qui paie comme le montrent les dernières enquêtes qui font de lui l'opposant n° 1 et de surcroît dans des conditions où désormais 65 % des sympathisants du PS sont prêts à l'alliance pour l'alternance.

  • Publié le 16 mai 2009

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