Ségolène Royal en chute dans les sondages
Selon un sondage CSA réalisé le 26 octobre, Ségolène Royal chute de 15 points auprès des sympathisants socialistes et de 6 points auprès d'un échantillon représentatif de l'ensemble des Français.
Cette enquête traduit le retour à des seuils politiques plus réalistes.
Il ne faut pas déduire de cette situation que la popularité de Ségolène Royal serait désormais structurellement en chute.
La situation est en effet plus compliquée. Pendant des mois, Ségolène Royal est montée à un niveau exceptionnel de popularité comme d'intention de vote. Elle bénéficiait d'une couverture médiatique quasi-unanimement favorable. Il est donc incourtournable que l'entrée en campagne s'accompagne d'un tassement.
Ce qui est le plus important c'est d'identifier les raisons de ce tassement. C'est probablement à ce niveau qu'il y a un danger pour elle. Ses dernières mesures (jurys citoyens, interdiction généralisée de cumul des mandats dans la durée, service humanitaire...) ne sont pas perçues comme des vraies réformes mais comme des mesures gadgets.
Le vrai enjeu de la campagne de S. Royal consiste à identifier si sa popularité est une popularité de candidature à la fonction ou de popularité pour l'exercice même de la fonction.
La vraie nouvelle frontière de l'électorat français n'est plus dans le clivage droite / gauche mais entre ceux qui sont prêts à vivre l'adaptation et ceux qui la refusent.
Sur l'incontournable recomposition à terme de la représentation politique française, Ségolène Royal porte en elle tous les ingrédients de l'enjeu. Sa popularité repose sur des catégories qui acceptent l'adaptation douce. Son profil personnel, ses positions strictes dans certains domaines lui ont ouvert la sympathie de rigoristes.
Mais, face à ce potentiel, une partie importante de son électorat traditionnel refuse l'adaptation. C'est le cas du PCF, des Verts et désormais d'une partie même du PS confortée en cela par des leaders comme Fabius ou Mélenchon.
L'avenir électoral de Ségolène Royal sera un indicateur précis de la capacité des citoyens à accepter cette recomposition de leur représentation mais aussi la volonté des leaders à conduire cette recomposition.
Sa campagne porte aussi sur l'autre enjeu majeur : la vraie échéance qui est celle de la sortie des institutions de 1958.
Il est désormais clair que Nicolas Sarkozy évolue vers un schéma présidentiel à l'américaine. Le Président reçoit un contrat de la Nation. Il est l'acteur, le responsable de l'application de ce contrat. C'est une présidence active, impliquée, énergique.
Il est plus difficile à ce jour de déceler le profil de « tempérament institutionnel» de Ségolène Royal.
Il est probable qu'elle renforcerait les pouvoirs du Parlement mais ne conserverait-elle pas cette conception quasi-monarchique qui n'existe nulle part ailleurs ?
Il est temps qu'elle clarifie ce point. Là aussi, cette clarification sera lourde de conséquences pour l'ensemble du débat politique. Il est temps que Ségolène Royal "casse l'armure " à son tour pour exposer les vraies réformes de fond pour conduire ce changement qu'elle incarne.
Si le changement réside dans la séduction d'une approche nouvelle parce que liée à la "sensibilité féminine" ; la chute devrait perséverer car sa popularité était confinée au précédent de la candidature féminine.
Si sa popularité repose sur les "valeurs féminines" qu'elle porte et qui sont attendues par la société ; elle devrait rapidement calmer cette érosion.
On s'approche du vrai sens de la "candidature de S. Royal" (voir notre analyse dans la lettre 57 du 19/09/06).