Mark Warner et le rebond
Mark Warner, Sénateur Démocrate de Virginie, enregistre un rebond qui montre, si besoin était, combien les élections du mid term peuvent révéler de nombreuses surprises.
Mark Warner est l'incarnation de la nouvelle génération démocrate. Il est âgé de 55 ans. Il fut Gouverneur de Virginie de janvier 2002 à janvier 2006.
Son parcours professionnel est brillant. Il a fait fortune dans les licences de téléphones cellulaires et il est le co-fondateur de Nextel.
En 2001, il a été candidat au poste de Gouverneur de Virginie et il est parvenu à gagner cet Etat à tendance républicaine.
Lors du renouvellement de la fonction de Gouverneur, son lieutenant ââ¬âgouverneur a été élu. Il avait été désigné par Time magazine parmi les Gouverneurs disposant du plus fort taux de satisfaction.
En 2006, il a créé un fonds de campagne pour la présidentielle 2008. Il s'est même engagé dans une tournée d'Etats. Il a ainsi effectué des discours significatifs en Iowa, New Hampshire, Wisconsin, Missouri.
Début 2006, en quelques mois, 14 Etats avaient fait l'objet de visites détaillées de sa part. Il a alors intensifié les contacts médiatiques pour gagner en notoriété et apparaître comme une alternative à Hillary Clinton au sein du Parti Démocrate.
Le point faible de Mark Warner résidait alors dans son inexpérience internationale. Il a donc engagé ses premiers contacts internationaux. Une visite remarquée à Jérusalem a été organisée. Il a pris position pour le retrait des troupes américaines en Irak. Mais surtout, il a pris des positions publiques très précises en faveur de la démission de Donald Rumsfeld. Il a communiqué à plusieurs reprises sur le renforcement de ses collaborateurs en matière de relations internationales.
Il a adopté le parcours classique du candidat sérieux désormais prêt à s'engager officiellement dans les primaires de son parti.
Puis il a renoncé et annoncé qu'il transformait toute cette mobilisation pour conquérir un siège de Sénateur en Virginie, un siège traditionnellement détenu par un Républicain.
Il a repris la même méthode et quadrillé systématiquement chaque territoire de sa circonscription sénatoriale.
Sa démarche empreinte d'une très grande modération et d'un appel quasi-permanent à une approche bipartisane a fait de lui l'un des symboles de la nouvelle génération démocrate au point qu'il fut choisi pour être l'orateur vedette de la convention démocrate de Denver l'été 2008.
En novembre, sa victoire fut éclatante. Mais en novembre 2009, le Parti Républicain a gagné la fonction de Gouverneur de l'Etat de Virginie. Et depuis cette date, Mark Warner encaisse l'effet boomerang de sa modération.
Il subit l'accusation d'être "centriste". Un qualificatif qui éloigne les électeurs des deux camps. Les Républicains voient en lui un élu trop démocrate tandis que les Démocrates le considèrent pas assez "social". En quelques mois, Mark Warner est ainsi devenu la caricature des reproches affublés à l'ensemble de la "gestion Obama".
Il y a quelques semaines encore, ce positionnement devenait une ornière. Seulement, en 15 jours, les données évoluent.
Le Parti Républicain bloque la réforme de Wall Street. Les classes moyennes voient dans cette décision la confirmation des liens supposés étroits entre le Parti Républicain et l'industrie financière. Mark Warner est monté au créneau pour défendre la réforme de Wall Street. Il l'a fait avec talent, compétence et force. Le revoilà donc apprécié de nouveau par le camp démocrate.
Puis, second facteur, le mouvement Tea Party donne une connotation très populiste au débat politique froissant une partie même des modérés du camp Républicain. Ces derniers redonnent du crédit au besoin de modération. Mark Warner retrouve du crédit aux yeux des Républicains qui avaient appelé à voter pour lui en novembre 2008.
En quelques jours, Mark Warner sort de l'ornière de son "centrisme".
Il retrouve son aura médiatique. Il montre d'abord, si besoin était, combien la vie politique américaine est une permanente bataille de mouvement.
( Extrait de notre lettre hebdomadaire 218 diffusée ce jour.
Pour découvrir notre lettre hebdomadaire : LettreExprimeo)