Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy candidats favorisés par la TV ?
Au moment où la presse écrite cherche à faire naître le troisième homme en la personne de N. Hulot, les protestations très vives de F. Bayrou ne peuvent que conduire à s'interroger notamment sur le rôle de la télévision dans la vie politique française.
A la télévision plus que dans tout autre support d'information, on a d'abord besoin de nouvelles. Ce rythme des nouvelles informations emporte autant ceux qui rapportent l'information que ceux qui la créent. Il faut toujours un certain recul pour tirer les conséquences durables des évènements dans lesquels le public comme les professionnels de l'information ont été plongés.
C'est sur la base de ce constat que la plongée dans les évènements quotidiens pouvait emporter tout un chacun sans qu'il n'en ait conscience sur l'instant que la nouvelle règle est progressivement devenue celle de définir une orientation durable plutôt que de se contenter de réagir à l'évènement. En matière d'image, le maître mot est "cohérence".
La vraie performance consiste à garder cette cohérence en dépit des évènements imprévisibles et non contrôlables. Cette priorité signifie que l'avenir n'appartient pas aux "plus apparents" mais "aux mieux identifiés". L'enjeu consiste donc non pas à apparaître souvent pour être connu mais à apparaître de façon cohérente pour que l'identité soit reconnue.
Par l'identité, c'est l'ensemble du pouvoir d'évocation d'un nom. Tout ce qui compose une personnalité. Tout ce qui a été signalé et retenu par l'opinion publique.
Ensuite, la télévision a installé une nouvelle rhétorique. Classiquement, le discours politique était un raisonnement : une introduction, une démonstration détaillée et une conclusion. Ce cheminement n'était pas adapté au citoyen qui voit plus qu'il n'écoute voire même qu'il ne réfléchit. Les images et les formules chocs tiennent lieu de raisonnement. On n'explique plus. On donne l'image.
Par sa place prépondérante, la télévision a donné le rythme à tous les autres médias. Il s'agit de résonner plutôt que de raisonner.
Dans cette logique, il s'agit de "faire du bruit" et non pas délivrer de la conviction rationnelle.
Après un journal télévisé, les personnes ont retenu un mot. Le dernier exemple en date est celui de "racaille". Pourquoi ce mot ? Est-il juste ? Que peut-il se passer après ce mot ? Toutes ces questions n'ont pas eu leur place. Les camps se sont structurés en fonction de pour ou contre ce mot. Puisque la communication devient une affaire de bruit autour d'un mot ou d' une image, il est tout naturel qu'elle dégage une impression de vide dés l'instant que le bruit a disparu.
Parce que cette sensation de bruit cède le pas tout logiquement à celle de vide dés que le silence reprend sa place.
Même si les questions posées par F. Bayrou méritent des réponses claires quant à l'organisation des structures, force est de constater que son message est à ce jour peu adapté aux contraintes télévisuelles alors même que ceux de Royal ou Sarkozy ont pleinement intégré ces contraintes.