François Bayrou et la presse

  • Francois Bayrou

François Bayrou est-il actuellement défavorisé par la presse ? La rumeur reprend comme en 2007.

Aux Etats-Unis, c'est Rick Santorum qui pose question.

Deux différences majeures existent entre la presse américaine et la presse française.

La presse américaine est très orientée sur les faits. La presse française interprète les faits. La presse américaine cherche d’abord à rapporter les faits de façon la plus détaillée et objective possible.

Seconde différence majeure, un ouvrier doit pouvoir lire le New York Times ou Newsweek. En est-il de même en France pour Le Monde ou le Nouvel Observateur par exemple ? La presse américaine se veut «inclusive» c'est-à-dire impliquante pour le plus grand nombre. La presse française se revendique presque officiellement comme élitiste.

Ces deux préalables effectués, deux autres questions occupent une place importante :

- les faveurs de la presse peuvent-elles faire élire un candidat ?

- comment le candidat peut-il s’attirer les faveurs de la presse ?


Sur le premier point, aux Etats-Unis davantage que partout ailleurs, il n’y a pas une presse centralisée mais une multitude de supports avec des tonalités locales parfois fortes.

Cette diversité modère déjà beaucoup la réalité de l’influence. Ensuite, l’opinion a désormais le sentiment que la «presse est sous contrôle» et qu’en conséquence il faut garder de la distance.

Par conséquent, la presse dispose d’un pouvoir d’influence mais pas d’un pouvoir d’élection.

Certains comparent la gestion des médias américains à une sorte de poker permanent consistant à «doubler la mise en permanence» :

- un concurrent traite son opposant «d’idiot». Ce dernier doit lui répliquer que le premier est «un triple idiot»,

- puis, il est alors naturel que le premier attaquant traite son concurrent «d’escroc». Ce dernier doit alors l’accuser à son tour de «voleur»,

- enfin, il est naturel de considérer que, face au flux des accusations, le premier traite son concurrent de «menteur» mais alors ce dernier devra répliquer que le premier est «un menteur pathologique».

Ces étapes sont la surenchère classique de tout débat local où il en faut beaucoup pour que l’exagération puisse disqualifier.

La seule limite à une attaque est de ne pas délivrer une agression qui puisse rendre l’adversaire sympathique.

Les médias américains sont d’abord friands d’excitation. C’est l’élément qui fait vendre et qui assure l’audience. Il y a donc une recherche permanente du sensationnel et de l’inédit.

Il faut donc les nourrir de «nouvelles». Ce terme recouvre très précisément l’enjeu.

Le candidat professionnel doit donc se préparer à trouver un rythme de « nouvelles » dans une marée d’évènements dans laquelle le public est plongé et dont il faut parvenir à s’extraire tout en respectant une image cohérente.

C'est peut-être sur ce dernier point que François Bayrou et Rick Santorum pêchent : le refus du côté spectaculaire. Mais n'est-ce pas là actuellement une des causes de leurs succès auprès de l'opinion ?

  • Publié le 17 janvier 2012

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