Bertrand Delanoë rappelle le 21 avril 2002
Le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, communique beaucoup pour éviter un nouveau 21 avril 2002.
Il déclare notamment :
"C'était il y a dix ans, et le coup de tonnerre résonne encore : le candidat socialiste était écarté du second tour de la présidentielle, devancé par l'extrême droite. Le débat démocratique était tronqué, la dignité républicaine meurtrie, et notre conscience collective en est toujours blessée.
Aujourd'hui, à deux mois du premier tour, les esprits semblent s'enfermer dans le spectacle d'un duel annoncé. Je voudrais attirer l'attention sur un autre danger, sur un autre risque. Ce danger, ce risque s'appelle toujours Le Pen. Il menace toujours les fondements mêmes de notre démocratie. Et il est accueilli avec une nonchalance et une négligence qui frôlent parfois la bienveillance.
Marine le Pen, ce qu'elle incarne, ce qu'elle représente, est incompatible avec la France. Le mouvement qu'elle dirige, et dont elle n'a renié ni l'histoire, ni le discours, ni les dérives, est fondamentalement intolérant, xénophobe, et inspiré par la seule haine de l'autre. Depuis cent ans, de l'Action française à Vichy et de la guerre d'Algérie au lepénisme, il n'a été que rejet, repli, souillure sur les valeurs collectives qui font que la République est la République et que la France est la France. Si, à la faveur de ces temps brouillés où la crise exacerbe les rancunes et atténue les repères, le Front national trouvait son chemin, ce serait une défaite- pour tout le monde. Et d'abord pour l'honneur de notre pays.
La candidate du Front national abuse de la confiance, de la détresse et de la souffrance des plus modestes. Elle leur marchande des mensonges. Elle leur vend l'illusion d'un retour au franc qui mettrait notre économie à genoux en augmentant l'inflation et la dette de 30 à 40%, et en faisant fuir les épargnants. Elle ne leur propose rien sur le logement, qui constitue pourtant une des préoccupations principales de nos concitoyens. Elle leur annonce un prétendu programme fiscal qui, dans la faible mesure où il a une orientation, ne sert qu'à enrichir les riches. Elle usurpe des idées et des mots conçus pour rassembler- la laïcité, l'égalité hommes femmes - pour en faire des instruments de division et de stigmatisation. Elle navigue à vue sur la misère des plus fragiles.
Ce courant de pensée qui n'a jamais aimé notre pays ni dans son héritage historique ni dans son irréductible pluralité, et qui vit dans la nostalgie de ceux qui l'ont trahi, ce mouvement qui est la véritable « anti-France » dans la mesure où il bafoue ses principes autant que ses intérêts, doit être ramené par le peuple à ce qu'il est en réalité : un groupe d'agitateurs aigris, aux propositions incohérentes et exploitant la misère sociale."
Bertrand Delanoë est actuellement assez isolé sur ce chemin. Les sondages semblent en effet indiquer un certain tassement de la leader du FN.