François Bayrou : le Jimmy Carter à la Française
L'élection américaine de 1976 fut celle du désalignement. Lassée de scandales multiples, l'opinion s'est détachée de ses repères classiques pour donner naissance à de nouvelles frontières politiques dont la seule réponse était le choix de "l'honnête homme".
La notion "d'honnête homme" signifie bien davantage que la seule probité morale. C'est un mélange de nombreuses valeurs allant de la sympathie à la reconnaissance des limites en passant par le coefficient de proximité.
C'est le candidat dont la loyauté à l'égard des citoyens n'est pas susceptible d'être mise en doute. Le réalisme de certaines de ses positions peut même faire défaut mais un peu d'idéalisme fait du bien dans le "monde de brutes" des autres professionnels de la politique.
C'est la leçon donnée à tout le système politique habituel, aux "écuries présidentielles" trop sûres d'elles ...
C'est l'anti-héros, presque l'anti-candidat classique. Dans une ambiance classique, il ferait presque peine mais voilà l'ambiance est tout sauf classique parce que c'est justement ce climat habituel que les citoyens veulent punir parce que trompés, excédés par les jeux politiques traditionnels.
Les citoyens ont conscience des limites mais justement au moins ils ne seront pas abusés une fois de plus.
Cette ambiance creuse son sillon dans le climat actuel. Ce qui est sûr c'est que techniquement une progression de ce type mérite une analyse fine et d'ordinaire elle ne s'arrête pas en route quand elle a témoigné une telle constance dans les dernières semaines.
C'est un profil à la Jimmy Carter, venu de loin, presque sans chance au départ mais ses handicaps deviennent des atouts tant la période est hors du commun.