L'opinion et les couples "élu(e) et journaliste"
A la demande de 2012etvous.fr, site géré conjointement par M6, MSN Actualités et RTL, et dans un contexte où l'indépendance des journalistes politiques vivant en couple avec un responsable politique constitue un débat récurrent depuis le début de la campagne électorale, Harris Interactive a interrogé les Français sur les couples entre journalistes politiques et responsables politiques, afin d'appréhender le regard qu'ils portent sur cette situation, d'évaluer si celui-ci est influencé par des considérations de genre, et de déterminer les acteurs les plus à même de prendre des décisions dans ce type de situations.
Que retenir de cette enquête ?
Une majorité de Français considère, qu'en cas de relation avec une homme ou une femme politique, un journaliste doit mettre un terme à son activité professionnelle. Notons que les Français expriment cette attente aussi bien à l'égard des hommes journalistes politiques vivant avec une femme politique (55% « il doit arrêter d'exercer son métier ») qu'à l'égard des femmes journalistes politiques vivant avec un homme politique (54% « elle doit arrêter d'exercer son métier »). Ici, au moins en décalaratif, la fonction semble prévaloir sur le genre. Et le prima du politique semble s'imposer.
Plus précisément, effet probablement lié au contexte actuel, on observe des réponses particulièrement tranchées de la part des sympathisants de Droite sur ces sujets (77% « il/elle doit arrêter d'exercer son métier »), tandis que les sympathisants de Gauche se montrent plus ouverts à la poursuite de son activité par le journaliste, seuls 39% et 38% indiquant qu' « il/elle doit arrêter d'exercer son métier». Ce clivage politique des réponses s'explique sans doute en partie par le fait que les principaux couples de journalistes et responsables politiques médiatisés sont plutôt issus de la Gauche de l'échiquier politique, qu'il s'agisse Valérie Trierweiler et de François Hollande, d'Audrey Pulvar et Arnaud Montebourg voire de Valérie de Senneville et de Michel Sapin. En revanche, le regard porté sur cette question est sensiblement identique de la part des hommes et de la part des femmes.
Si les Français attendent d'un journaliste politique qu'il mette un terme à son activité s'il vit en couple avec un responsable politique, ils estiment néanmoins que cette décision doit être - à leurs yeux - personnelle, puisqu'elle appartient selon eux en premier lieu au journaliste lui-même (41%), ou au journaliste et à son conjoint qui doivent prendre la décision d'un commun accord (40%). Seuls 8% des Français jugent que cette décision doit être prise par la rédaction du média dans lequel travaille le journaliste en question, pour 5% en confiant la responsabilité aux dirigeants ou aux actionnaires du média.
Dans le détail, le recours à un commun accord est particulièrement valorisé par les femmes (43%, contre 36% des hommes), tandis que les hommes citent principalement une décision individuelle du journaliste (43%, contre 40% des femmes) et sont plus nombreux à désigner la rédaction du média comme décisionnaire le plus pertinent (10%, contre 7% des femmes). En cohérence avec le clivage politique observé ci-avant, les sympathisants de Gauche estiment davantage que la décision de mettre un terme à l'exercice du métier de journaliste politique dans ces circonstances doit être prise par le journaliste lui-même (40%) ou d'un commun accord avec son conjoint (48%), quand les sympathisants de Droite, s'ils sont certes majoritaires à confier cette décision à la sphère privée (41% individuelle, 34% d'un commun accord), souhaitent davantage une intervention de la rédaction du média (12%, pour 8% en moyenne) ou de ses dirigeants et actionnaires (9%, pour 5% en moyenne).
Méthodologie : enquête réalisée en ligne du 26 au 29 mai 2012. Echantillon de 1 649 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l'access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).