Bernard Arnault comme marqueur des entreprenants
Le sondage IFOP pour Sud Ouest sur l'imposition à 75 % est très instructif et surprenant sur certains volets.
Il en ressort notamment :
"L’annonce de la demande d’acquisition de la nationalité belge par Bernard Arnault, l’une des principales fortunes de France, a relancé le débat sur la création d’une tranche d’impôt à 75 % pour les revenus dépassant un million d’euros par an.
L’application de cette mesure, confirmée par François Hollande lors de son intervention télévisée de dimanche dernier, est approuvée par 60 % des Français qui estiment qu’il est juste qu’en période de crise les personnes les plus fortunées contribuent de manière importante au redressement des comptes publics. Une forte minorité (40 %) se dit à l’inverse opposée à cette décision car le taux lui apparaît comme trop élevé et de nature à faire partir à l’étranger les personnes fortunées et des entrepreneurs.
Sans surprise, la principale ligne de clivage sur cette question est de nature politique, signe que cette annonce avait bien été perçue comme un marqueur de gauche durant la campagne et qu’elle continue de fonctionner comme tel aujourd’hui, ce qui rendrait son aménagement ou son assouplissement très compliqué politiquement. En effet, 89 %, soit quasiment l’intégralité des sympathisants de gauche soutiennent cette mesure. Cette unanimité est, de manière assez attendue, de rigueur parmi les proches du Front de Gauche (95 %) mais également dans l’électorat socialiste (91 %), seuls les sympathisants écologistes se démarquant en étant un peu moins favorables (76 %) . A l’inverse, dans les rangs de l’UMP l’opposition à cette mesure est très majoritaire (76 % d’opposés) mais on notera néanmoins qu’un quart des électeurs de droite approuvent cette surtaxe. Enfin, les sympathisants du FN, sont très partagés : 51 % seraient favorables et 49 % opposés. Ces électeurs, comme sur bon nombre de sujets économiques et sociaux, se situent à mi-distance de la gauche et de la droite du fait de leur nature assez composite : une partie de cet électorat provenant de la « droite dure » et étant adepte d’une ligne anti-fiscale et l’autre composante, plus populaire, partageant avec la gauche de fortes attentes sociales.
La seconde ligne de clivage, moins marquée, est sociologique. Elle n’oppose pas, comme souvent, les catégories sociales supérieures aux milieux populaires mais les indépendants et chefs d’entreprise (favorables à 50 % « seulement ») et les 65 ans et plus (favorables à 52 %) d’un côté, aux salariés de toutes conditions de l’autre, milieux dans lesquels cette taxe est très largement approuvée aussi bien par les cadres supérieurs (69 %) que par les ouvriers et employés (62 %)."
Cette réforme apparaît comme le marqueur des entreprenants. C'est son danger principal au moment où l'esprit d'initiative doit être renforcé.