Barack Obama et la force de guerre logistique
Dans quelques semaines, quand les secrets d'organisation de la présidentielle américaine feront l'objet de présentations notamment dans des revues techniques ou lors de contacts avec des collaborateurs qui ne seront plus tenus par les contraintes naturelles de discrétion, les derniers jours de l'élection vont revêtir de nouveaux aspects.
Chaque camp avait consacré des noms de codes à des outils informatiques visant à constituer des bases de données pour que des militants puissent passer des messages efficaces à des électeurs indécis.
Dans l'équipe de Mitt Romney, l'opération était baptisée du nom d'Orca. Il s'agissait de mettre à disposition des militants républicains les données pour contacter les indécis tout particulièrement dans les Etats indécis. Ce dispositif est tombé en panne dans les dernières semaines de la campagne.
Dans l'équipe d'Obama, le dispositif était sous le nom de code de "Narwhal". Le narval (sous rédaction française) est la licorne des mers avec une corne qui peut mesurer jusqu'à trois mètres de long. En apparence, c'est une arme. En réalité, cette corne est un organe sensoriel destiné à identifier des différences de pression, de salinité, de température.
Quand Orca était en panne, paralysé, Narwhal fonctionnait à plein. En 2008, le choc fut les données de Catalist. La base de Catalist a été créée en 2005 par Harold Ickes disposant d'un budget annuel de près de 10 millions de dollars (40 salariés permanents). Elle a géré des données sur 140 millions d'électeurs inscrits et 80 millions non inscrits. A chaque personne sont associées des informations clefs : numéros de téléphone, adresses mails, croisement des données commerciales comme voitures, maisons ..., mais aussi des renseignements associatifs (adhésions ...).
Catalist a été alors l'outil des messages ciblés du dernier sprint.
En 2012, il semblerait que Narwhal ait reposé sur un dispositif complémentaire : rassembler toutes les données des militants sur leurs réseaux sociaux notamment pour tisser les liens avec les cibles clefs. Chaque militant a ainsi alimenté une énorme banque de données vouée à assurer l'ultime mobilisation visant à relayer les messages des derniers jours.
Derrière les "belles images" des tribunes, la logistique faisait la différence.
Cet exemple, qui n'est pas transposable en France notamment pour des raisons de contraintes légales sur la communication de certains fichiers, montre néanmoins combien cet aspect logistique ne doit jamais être sous-estimé.
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