L'information en France (Edito 18)

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L'information en France est malade. Si cette maladie est quasi généralisée, elle frappe maintenant tout particulièrement la presse écrite quotidienne. Les ventes sont en forte et permanente régression. Bien davantage, des maux profonds affectent l'utilité même de ces supports.

Premier travers, la presse quotidienne, y compris la presse régionale, est devenue davantage une presse d'opinion que d'information. Elle a une coloration de plus en plus partisane. Elle s'intéresse davantage à interpréter les faits qu'à en rapporter le détail. Elle donne ainsi une place très importante au subjectif.

Hier, seuls les éditoriaux étaient censés laisser une grande part à l'opinion. Aujourd'hui, presque chaque article comporte tellement de commentaires subjectifs qu'un journal semble composé d'éditoriaux généralisés.

Cette approche est très "exclusive". Tous ceux qui ne se retrouvent pas dans cette interprétation généralisée décrochent rapidement. Bien davantage, ils se sentent agressés car ce n'est pas ce qu'ils attendent de ce produit d'information. Le journal quotidien devient un outil de raisonnement alors qu'il devrait être d'abord l'outil du droit du public de savoir.

La priorité ne devrait pas être donnée à l'interprétation mais à la vérité des faits. Le journaliste, y compris le localier, est ainsi devenu un "intellectuel" qui conceptualise tout y compris la plus insignifiante foire locale alors qu'il devrait être d'abord un détective vigilant de la vérité des faits : chiffres sur les personnes présentes, comparaison des fréquentations d'une année sur l'autre, détail des déclarations des personnalités comme du temps passé?

Cette confusion des rôles fait naître de nouveaux espaces d'informations.

En juillet 2005, Cap Gemini Consulting et TNS Sofres ont livré les principaux enseignements de leur baromètre sur le développement de l'information publique en ligne.

Trois enseignements majeurs méritent une attention privilégiée.

Tout d'abord, les derniers mois ont connu une grande démocratisation des consultations. Plus de 75 % des internautes ont consulté au moins une fois un site public d'information.

Ensuite, cette consultation est désormais la fait de toutes les catégories dans des conditions très équilibrées. Celles qui étaient restées à l'écart (seniors, femmes, inactifs) ont fait une entrée remarquée parmi des utilisateurs à part entière.

Enfin, et là réside le point le plus important, cette consultation concerne aussi les sites publics locaux. 30 % des internautes affirment avoir visité au moins une fois les sites publics des acteurs locaux à l'exemple du site de la mairie de leur Commune.

Ces chiffres s'accompagnent par ailleurs d'une reconnaissance très significative de la qualité de l'information dispensée dans ce cadre en termes de fiabilité comme de véritable valeur ajoutée.

Le site Internet local s'est désormais inscrit dans le paysage des supports d'informations.

Parce que ces sites sont décentralisés, multiples ; c'est une nouvelle donne majeure pour l'ensemble du système français d'information. En effet, toute l'histoire de l'information en France a été traditionnellement dominée par plusieurs traits caractéristiques :

- avant 1945, les chaînes de radios privées étaient autorisées à côté des chaînes publiques appartenant à l'Etat,

- de 1945 à 1982 a été appliqué le strict monopole d'Etat sur les radios en dehors de radios privées qui couvraient le territoire français à condition de placer leurs émetteurs à l'étranger,

- pour l'audiovisuel, le monopole d'Etat était rigoureusement respecté. Pendant longtemps, le discours politique français exprimait officiellement que la télévision était un service d'intérêt public comme la poste ou le téléphone,

- il faut attendre 1982 pour que le monopole d'Etat soit aboli.

Internet remet fondamentalement en question cette tradition, cette logique.

C'est véritablement une nouvelle page de l'information qui s'ouvre.

  • Publié le 13 décembre 2005

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