Les sujets nationaux de société vont s'inviter dans les municipales de mars 2014
Alors que la loi ouvrant le mariage et l'adoption pour les couples de même sexe a été publiée au Journal officiel du samedi 18 mai, les opposants au texte de loi ont de nouveau manifesté le dimanche 26 mai pour réclamer le retrait de la loi Taubira, qu'ils considèrent comme une « rupture de civilisation ». Frigide Barjot, porte-parole du mouvement, a par ailleurs annoncé la création de « l'Avenir pour tous », pensé comme une nouvelle phase de ce mouvement de protestation, et demandé aux candidats aux élections municipales de 2014 de « s'engager dans leur programme électoral à abroger la loi Taubira pour rétablir la norme supérieure de l'engendrement humain biologique». Le mouvement souhaite ainsi peser sur les débats lors des prochaines élections, que ce soit en présentant des candidats ou en faisant pression sur les candidats qui se présenteront devant les Français.
A la demande de LCP, Harris Interactive a réalisé un sondage afin de déterminer l'attitude actuelle des Français à l'égard de la loi Taubira et de la poursuite du mouvement d'opposition suite à la promulgation du texte et également pour appréhender l'importance du thème du mariage et de l'adoption pour tous lors de la prochaine élection électorale et son influence potentielle dans l'expression des électeurs.
Que retenir de ce sondage ?
Une dizaine de jours après sa promulgation, 58% des Français se déclarent favorables à la loi ouvrant le mariage et l'adoption pour les couples de personnes du même sexe, dont 31% tout à fait favorables. En revanche, 42% restent opposés à la loi, dont 24% qui montrent une opposition franche. La ligne de fracture est avant tout politique, 88% des sympathisants de Gauche approuvant cette loi quand 67% des sympathisants d'Extrême-Droite et de Droite s'y déclarent opposés.
Pour une majorité des opposants, le mouvement de la « Manif pour tous » ne doit pas prendre fin avec le vote de la loi. En effet, si 41% d'entre eux considèrent que le mouvement devrait s'arrêter, 59% estiment au contraire qu'il doit continuer.
Si la population française reste assez divisée sur cette question et bien qu'une majorité des opposants soutienne la poursuite du mouvement, le thème du mariage et de l'adoption pour tous ne constitue pas aujourd'hui aux yeux des inscrits sur les listes électorales un thème de campagne prioritaire pour les futures élections municipales. En effet, seuls 34% des Français souhaitent que ce thème occupe une place importante, dont 10% très importante, dans la campagne électorale qui se tiendra dans leur ville. Cela place la question du mariage et de l'adoption pour tous loin derrière les préoccupations économiques (93%), les attentes en termes de sécurité (90%) ou encore d'environnement (84%) et même loin derrière les activités culturelles et sportives dans la commune (68%).
61% des Français favorables à la loi et inscrits sur les listes électorales déclarent qu'ils ne pourraient pas, lors des prochaines élections municipales, donner leur voix à un candidat ayant pris ouvertement position contre la loi, et 82% d'entre eux excluraient de voter pour un candidat ayant refusé de marier des homosexuels. Dans l'autre « camp », 68% des Français se déclarant opposés à la loi et inscrits sur les listes électorales indiquent qu'ils ne pourraient pas voter pour un maire ayant pris position publiquement en faveur de la loi et 67% qu'ils ne pourraient accorder leur suffrage à un maire ayant célébré une union entre deux personnes de même sexe. Ainsi, les Français adoptent - dans leurs déclarations - des positions de principe assez fermes. Toutefois, au vu de la relative importance déclarée de ce sujet, il n'est pas certain que dans les urnes, la position des édiles et des candidats sur le mariage et l'adoption pour tous constitue un critère de choix aussi déterminant.
Méthodologie : enquête réalisée en ligne du 28 au 30 mai 2013. Echantillon de 1509 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l'access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).
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