Les résultats en Italie (Carnet 36)

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Les récents débats sur la personnalité de Silvio Berlusconi ou la contestation de l'écart très faible entre les deux coalitions ne doivent pas occulter des enseignements plus importants.

Tout d'abord, il importe de se rappeler qu'au lancement de la campagne officielle, Romano Prodi comptait, selon les organismes de sondages, de 12 à 9 points d'avance. Le jour du scrutin, l'écart sera de 0, 10 %. Cette situation est à rapprocher des deux autres derniers scrutins connus dans des démocraties comparables. A l'automne 2005, le Chancelier Allemand sortant égalise le score de son challenger alors même qu'Angela Merkel disposait deux mois avant de 20 points d'avance. Le 23 janvier 2006, Stephen Harper gagne les élections canadiennes avec 8 points d'avance alors même que 2 mois auparavant, Paul Martin, Premier Ministre sortant et leader du Parti Libéral, disposait de 16 points d'avance. Les dernières semaines de campagne électorale enregistrent donc des fluctuations considérables dans les intentions de vote. Ce constat est le résultat de deux facteurs principaux. D'une part, les électorats n'ont plus d'ancrage idéologique. Par conséquent, au gré de l'actualité, des priorités, des déclarations, ils passent facilement d'un camp à l'autre. D'autre part, bon nombre de commentaires sur les sondages d'intentions de vote minimisent "l'intelligence des petits chiffres" en n'accordant pas assez d'intérêt par exemple ne serait-ce qu'aux indécis ou aux profils dominants de ceux qui ne se prononcent pas encore.

Ensuite, second enseignement, c'est la personnalité du leader qui tient lieu de programme. Dés que Schroeder est "entré dans la bataille" en personnalisant les enjeux, dés qu'il en fut de même pour la "révélation" des faiblesses de tempérament de Paul Martin ou de Romano Prodi, les digues ont lâché. La personnalisation des scrutins emporte désormais tout sur son passage. C'est la consécration d'un réel "star système" en politique. Mais n'est pas star qui veut. La campagne se joue désormais au niveau émotionnel plus que rationnel. Faire vivre ce "show politique" demande un savoir faire particulier. Sans programme ou sans débat rationnel, le suffrage universel devient un acte d'allégeance ou d'hostilité à la personnalité des candidats. Toutes ces campagnes peuvent se résumer dans ce constat.

Troisième enseignement majeur, intervient une réelle émergence d'un "nouveau populisme". La raison est simple. Moins on est intégré dans la société, plus on s'abstient. Il existe un réel abstentionnisme social. Tant que l'on est pas bien inséré dans la vie sociale et professionnelle ou quand on ne l'est plus, la participation à la vie politique devient très faible.

L'exclusion politique correspond assez précisément à l'exclusion sociale ou économique. Mais il en est de même concernant les catégories socio-professionnelles. Plus le statut est socialement bas, plus l'abstention est forte. Ce sont les vraies nouvelles lignes de fractures entre la participation politique et l'abstention. Contrairement au passé, il n'y a à peu près plus de différence entre hommes et femmes, entre salariés du secteur public et salariés du secteur privé.

Pour atteindre ces nouvelles catégories qui se placent en marge de la participation électorale, le message doit être très simple. D'où la résurgence dans la dernière ligne droite d'une approche binaire, manichéenne qui ne correspond en aucune manière à la réalité plus complexe des enjeux mais aux caractéristiques de sensibilisation des cibles à mobiliser.

Enfin, dernier enseignement important, la période est à la constitution de coalitions. C'est un juste compromis entre l'unicité qui conduirait à la multiplication des candidatures et l'émiettement qui réduirait chaque tendance à une faible représentation.

Ces 4 enseignements majeurs méritent une attention particulière à l'approche des échéances présidentielles françaises.

Plus que jamais l'intention de vote largement en amont de l'élection ne vaut pas vote le jour de l'élection.

La personnalité des candidats occupera une place majeure décisive dans la dernière ligne droite. Cette personnalité doit être suffisamment solide pour vivre une campagne qui va tourner autour d'un "voyeurisme émotionnel" cherchant à prendre en défaut ou à conduire à la faute tel ou tel candidat. Enfin, cette personnalité ne devra pas refuser à simplifier à l'excès ses messages pour toucher des indécis qui sont allergiques à tout message complexe. Nous assistons réellement à l'émergence d'une nouvelle catégorie de candidats.

  • Publié le 18 avril 2006

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