Le "pouvoir féminin" (Edito 37)
Après "l'année de la Femme" approchons-nous du "millénaire de la Femme" ?
Des spécialistes du nombre, supposés très sérieux, défendent que le nouveau millénaire sera celui de la "Femme". Ils livrent une interprétation originale :
- le millésime 1 est masculin, indépendant, singulier,
- le millésime 2 est féminin, repose sur l'équilibre, le partenariat, la famille.
Cette émergence d'une "approche féminine" des individus et des choses repose sur un constat simple. Les femmes sont différentes des hommes. Il n'y a pas de rapport de supériorité ou d ?infériorité entre eux. Mais les approches, les raisonnements, les méthodes sont tout simplement différents.
Dans un monde politique, terriblement marqué par une domination du sexe masculin, faut-il voir dans l'appel à une plus forte représentation féminine l'appel conscient ou inconscient au changement des représentants pour changer ensuite la vie politique ?
Ce n'est pas impossible. La volonté de rupture avec le fonctionnement habituel des institutions politiques n'a jamais été aussi fort. Lors du dernier sondage Sofres réalisé début mars 2006 pour "lire la politique", 53 % des français considéraient que la démocratie en France ne fonctionne pas bien et que pour 69 % des Français, les politiques ne s'occupent pas bien de la vie quotidienne.
Dans un tel climat, tout ce qui contribue au changement va dans la direction souhaitée par l'opinion.
Mais plus fondamentalement, la modernité fait naître de nouveaux repères. Ce qui est plus important c'est tout simplement que la société dans son ensemble s'est féminisée dans ses valeurs.
Les valeurs actuellement dominantes correspondent à des repères classiquement féminin :
- recherche d'harmonie,
- pacifisme,
- humanisme,
- intuition,
- modestie,
- écoute,
- sens pratique.
Trois courants actuels profonds accordent aux valeurs féminines un avantage certain dans les circonstances modernes.
1) La société n'attend ni la conformité ni la rupture brutale mais la transformation douce.
2) La société aspire à des changements pratiques immédiats et non pas à des objectifs généraux lointains.
3) Le besoin de confiance. Tout est perçu comme menace. Le besoin de confiance est la forme de protection qui traduit une aspiration plus forte que jamais à la sécurité comme assurance contre les risques généralisés qui nous guettent.
Ce "territoire" correspond bien à l'actuel parcours de Ségolène Royal qui, à ce jour, effectue un parcours irréprochable pour s'identifier à ces valeurs féminines. Elle parle de transformation. Ses mots sont concrets, simples et font référence à la vie quotidienne. Tant qu'elle sera fidèle à ce style, elle bénéficiera d'une image de marque particulièrement porteuse.
Face à cette tendance lourde, l'actuelle majorité a deux réponses possibles :
- d'une part, elle a intérêt à analyser sérieusement cette tendance pour faire naître en ses rangs des profils concurrents à celui de S. Royal. Des profils qui n'aspireront pas nécessairement à la première place mais dont l'influence sera notoire. C'est un impératif urgent. Aujourd'hui, force est de constater que la "marque S. Royal" s'impose d'autant plus facilement qu'elle n'est confrontée à aucune concurrence.
- D'autre part, la déformation du connu. Ségolène Royal est-elle bien la marque qu'elle occupe ? L'imagination et la création de communication n'ont-elle pas magnifié une personnalité qui, dans la vie courante, n'incarnerait pas nécessairement les "nouvelles valeurs féminines" mais bien les repères des "vrais professionnels de la politique classique".
Sans la mise en oeuvre de l'une ou de ces deux ripostes, une rencontre républicaine se prépare sur des bases difficiles à fragiliser sur les derniers temps car c'est une vraie réponse à des attentes profondes durables.