La commémoration du 8 mai 1945 (Discours 75)

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  • 8 Mai

Il est bien rare que des évènements comme celui qui nous réunit aujourd'hui visent à rapprocher deux termes a priori aussi éloignés : le mot "fête" et le mot "travail". La fête évoque le plaisir, la douceur voire même le bonheur. Le travail évoque si souvent la pénibilité, la dureté, autant de références a priori bien éloignées de la fête. Et pourtant, bien rapidement, chacun s'accorde à reconnaître que ces mots peuvent être réconciliés et doivent même être réconciliés.

On entend parler, en effet, presque exclusivement de difficultés, de crise mondiale, de chômage et de concurrence sauvage.

Il se trouve que, fréquemment chez nous, la tendance est à trouver l'herbe plus verte ailleurs et les mérites plus grands chez les voisins, à penser qu'eux seuls réussissent et se sortent plus rapidement de la crise économique qui frappe les pays industrialisés.

Comment renverser cette propension et surtout qui le peut ?

Je crois que c'est vous et moi. Je suis convaincu que, dans une occasion comme celle qui nous réunit en ce moment, nous pouvons souligner avec force le rôle historique constant de l'initiative privée dans notre pays et rétablir l'équilibre en rappelant que l'histoire de la croissance française, c'est l'histoire commune de ses aventuriers anonymes, entrepreneurs dynamiques mais aussi salariés performants à tous les maillons de la chaîne.

Nous pouvons élever la voix pour dire que les difficultés sont réelles, mais qu'elles sont les mêmes pour tout le monde et qu'il se trouve ici également des gens courageux pour relever le défi. Des gens qui n'ont pas peur, qui croient en leur avenir et qui le bâtissent.

Il nous faut donc tous aller plus loin, nous savoir et nous dire bien haut solidaires.

Nous avons de nouvelles missions pour rétablir l'indispensable confiance collective.

Oui bien sûr, il nous faut intégrer des changements technologiques, des transformations sociales mais dans des conditions de grande transparence, après en avoir parlé ensemble et dans des conditions de stricte égalité.

La France ne peut abandonner une conception distributive de la négociation au profit d'un système "d'échanges" où chacun accepterait d'abandonner quelque chose.

Il faut redonner de la visibilité à l'avenir de chacun.

Le bonheur aujourd'hui ne peut pas être de profiter du temps présent parce qu'on n'est pas sûr de l'être encore demain pour ne pas dire comme RADIGUET "bonheur, je ne t'ai reconnu qu'au bruit que tu fis en partant".

Le travail doit redevenir une source de satisfaction. Le fait d'en avoir un, dans une époque où il est inégalement réparti, représente certes en soi un privilège dont beaucoup trop de Français sont privés.

Ce travail doit être toujours mieux partagé mais aussi pour la grande majorité des travailleurs un lieu d'épanouissement. Je vois les sourires se faire un peu ironiques. Vous allez peut-être me dire que je m'abandonne à l'angélisme. Et il faut certes l'éviter. Un précédent a cependant de quoi nous rendre économes de notre optimiste : celui des comités d'entreprise. Le Général de GAULLE avait voulu, en 1945, créer les conditions de nouveaux rapports entre le capital et le travail. La vie des entreprises aurait pu en être changée. Elle ne l'a guère été. Pourquoi ? Parce que le patronat n'a pas été un adepte spontané de la transparence et de la participation. Le "dialogue type" est resté le même qu'auparavant : la direction d'un côté, les salariés et leurs syndicats de l'autre. La table du comité d'entreprise est restée un lieu fictif ? sauf pour la gestion des oeuvres sociales. Plutôt que d'informer et de "responsabiliser" les salariés, le comité sert même parfois davantage à les materner aux frais de l'entreprise? et à la discrétion des syndicats.

Il est temps d'oeuvrer à cette réconciliation entre des forces vives qui doivent vivre dans le respect mutuel.

  • Publié le 25 avril 2006

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