L'abolition de l'esclavage (Discours 76)

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Note : Etant donné l'impact que représentera votre communication sur la 1ere date de commémoration officielle de l'abolition de l'esclavage (10 mai 2006), notre équipe a mis en ligne une trame d'intervention sur ce thème, vendredi 05 mai 2006, afin que vous puissiez disposer des premiers repères pour vous exprimer avec efficacité.

Ce discours a été adressé à nos abonnés dés le mardi 02 mai 2006 à 9 heures. En vous abonnant à la lettre hebdomadaire Exprimeo, vous avez ainsi l'assurance de disposer de toutes les informations et conseils nécessaires dans les meilleurs délais possibles.

Le 30 janvier 2006, le Président de la République a annoncé que, désormais, chaque année le 10 mai serait la date anniversaire de l'adoption par notre pays d'une loi reconnaissant la traite et l'esclavage comme un crime contre l'humanité.

L'esclavage a été défini par la Convention de Genève de 1926 comme la condition de l'individu sur lequel s'exercent les attributs du droit de propriété. En France, il a fallu attendre un décret de la Convention du 4 février 1794 pour le voir officiellement interdire et un décret du 27 avril 1848 pour que cette abolition devienne enfin une réalité.

Bien plus largement, par une décision du 27 juillet 1994, le Conseil Constitutionnel a estimé que "la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme d'asservissement et de dégradation est un principe à valeur constitutionnelle".

Cette commémoration doit être d'abord l'occasion de célébrer la liberté. Au c?ur de cette valeur de liberté figure la croyance que la liberté individuelle de chaque être humain est la valeur suprême.

L'humanité ne peut exister que là où l'être humain est protégé dans ses droits. Protégé face aux puissances économiques, religieuses, politiques comme de toutes les autres formes possibles d'arbitraires ou d'aliénation.

Cette liberté c'est aussi la reconnaissance que chaque être humain sans la moindre exception doit pouvoir devenir ce qu'il est capable de devenir. La raison d'être des puissances publiques c'est de protéger cette liberté et d'assurer ce cadre d'épanouissement individuel.

Face à cet idéal, tant de géographies ont compté des pratiques tragiques à l'opposé de tels principes. Il y a encore beaucoup d'endroits où des descentes aux enfers sont encore possibles. Chaque fois que nous luttons contre ces enfers, nous faisons progresser l'humanité.

Chaque fois que nous luttons pour améliorer la justice entre les êtres humains, nous faisons reculer cette forme inhumaine d'obscurité.

Mais comment ignorer qu'il y a encore des endroits :
- où l'inégalité raciale frappe encore ouvertement,
- que des gens se livrent à des comportements indignes pour éviter de mourir de faim à un coin de rue,
- que des intellectuels sont emprisonnés,
- que tant d'échecs existent encore dans de multiples endroits de notre planète.

Ces échecs doivent susciter notre mobilisation et notre indignation permanentes.

Ces échecs violents ne doivent pas disperser notre vigilance. Plus proche de nous, sommes-nous sûrs qu'aucune forme de discrimination grave n'existe ?

On dit souvent que si les italiens ont inventé l'art, les français ont inventé la pensée. Cette formule peut paraître prétentieuse et pourtant elle reflète peut-être assez fidèlement ce que fut le vrai héritage international de la Révolution française. Si elle fut une référence fondamentale dans le monde entier, c'est parce qu'elle a ouvert une ère nouvelle dans l'Histoire avec l'affirmation de l'individu et sa priorité sur toute autre réalité économique ou sociale. Nous avons eu probablement les premiers la certitude que cette forme de primauté de l'individu était un droit fondamental pour chacun, que nous avions le devoir de le mettre en ?uvre à l'intérieur de nos frontières mais aussi le devoir de l'exporter ; ce qui fut le cas dans de très nombreux territoires pour lesquels le français a été alors la langue de la civilisation.

Ces enjeux doivent nourrir notre mémoire et nos actions à chaque instant.

Toute structure ne peut exister et fonctionner qu'avec l'immense respect accordé à chaque être humain. Ce n'est pas le seul défi des gouvernants. C'est aussi celui des responsables économiques qui ne peuvent donner une primauté inhumaine à de seuls repères financiers. C'est celui des responsables religieux qui oublieraient la place de la tolérance. C'est celui de toute personne dotée d'une parcelle d'autorité et de pouvoir.

Sous cet angle qui répond à la réalité des faits au quotidien, nous devons dépasser la célébration pour encore beaucoup travailler au progrès de l'humanité dans chacun de ses espaces.

  • Publié le 2 mai 2006

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