Réformer aujourd'hui (Discours 120)

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La désespérance politique menace notre pays. L'histoire internationale s'emballe et la France attend. La quotidien multiplie les traumatismes et un morne fatalisme règne comme si le pire était incontournable. Existerait-il encore et toujours un "mal français" insusceptible d'être résolu dans l'attente d'une crise ouverte violente ?

C'est vrai qu'historiquement, en France, la révolution a toujours été préférée à la réforme. L'histoire de France est faite de crises violentes quasi permanentes :
- la bourgeoisie contre l'aristocratie,
- le prolétariat contre la bourgeoisie,
- les colonies contre la métropole,
- ...

Comment comprendre cette situation. Faut-il l'interpréter comme étant d'abord le "mal de l'Etat" c'est-à-dire à la fois le mal dû à l'Etat mais aussi le mal dont souffre l'Etat ?

C'est vrai que l'Etat a en France une emprise incomparable. Il s'étend à tous les secteurs d'activité. Or la réforme de l'Etat paraît impossible :
- la complexité de l'Etat est sans limite,
- le contrôle semble quasi-impossible,
- l'instauration d'un processus clair et sain de décision donc de responsabilité donne le sentiment d'être toujours hors de portée.

Cet Etat là cache une redoutable faiblesse. Il ne cède souvent que devant la force. Il préfère céder brutalement à chaud devant la rue plutôt que de négocier à froid.

C'est un cycle de fausse obstination interrompue par des actes d'abandon sans dialogue ni vraie autorité.

Le printemps 2006, avec la crise du CPE, a été une caricature de cette situation. La question fut d'identifier le moment où le pouvoir serait contraint de céder quand la protestation deviendrait trop forte.

Cette logique conduit à l'exhibitionnisme protestataire.

Il est indispensable de rompre cette logique.

Pour cela, il faut changer "la demande d'Etat". C'est le point de passage pour la réforme. Ce changement passe par la modification des relations entre les Français et leurs institutions.

Il faut passer de l'Etat qui contrôle, qui empêche, qui interdit à un Etat qui permet, qui prend l'initiative, qui expérimente, qui donne l'impulsion.

Cet Etat là pourra donner naissance à la réforme parce qu'il fondera tout le système sur la confiance et non plus sur la méfiance.

Cet Etat là, pour s'ouvrir à la réforme, doit accepter une ultime révolution : celle des mentalités.

Dans cette évolution, il importe de bien garder à l'esprit que l'Etat est le produit de deux acteurs principaux :
- le pouvoir politique qui décide,
- le pouvoir administratif qui n'a pas à se forger une doctrine mais qui doit exécuter le projet politique voulu par les responsables politiques dotés de la légitimité démocratique.

Le bras de l'Etat et la tête de l'Etat doivent travailler dans la même direction. Un auteur notait que "la bureaucratie ce n'est pas l'esprit de l'Etat mais son manque d'esprit".

Les responsables politiques doivent rendre de "l'esprit à l'Etat" en lui permettant de conduire cette indispensable mission que d'être le facilitateur de la réforme.

Parce que c'est un enjeu politique, il devient celui de tous les citoyens. Barrès définissait parfois les Français comme "ce peuple vendu au Gouvernement".

Il est temps que les Français changent d'état d'esprit. En devenant les gardiens vigilants des exigences de la réforme.

C'est vrai qu'il n'y a pas de petits gestes quand on est 60 millions à les faire.

  • Publié le 10 octobre 2006

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