Justin Trudeau et l'exemple de la bataille de l'hyper-visibilité
De façon générale, la visibilité d'un leader politique est un enjeu à quatre volets :
Pourquoi ?
Quand ?
Comment ?
Où ?
Le premier volet est le plus simple à régler. Sans visibilité, il n’y a pas de notoriété. Sans notoriété, il n’y a pas d’attention. L’indifférence est la première cause de mortalité d’une campagne.
Une forte notoriété est l’assurance d’être incontournable. Ce n’est pas la victoire assurée mais c’est la victoire possible. Sans notoriété, la victoire est impossible.
Le second volet (quand ?), Justin Trudeau a apporté une réponse claire : le plus tôt possible.
Le troisième volet (comment ?) exige davantage de nuances parce que ce troisième volet conduit à évoluer de la simple notoriété à la question du contenu de l’image.
Justin Trudeau occupe le créneau de l'énergie collective dans la proximité.
Il occupe ce créneau en mettant en pratique une théorie à la mode : l’hyper-visibilité.
En réalité, cette théorie est ancienne. Elle date des années Reagan pendant lesquelles Mike Deaver a conceptualisé cette logique dite désormais de : «il faut faire la météo». Au départ, l’auteur reconnaît qu’il ne s’agissait pas de répondre à l’évolution de l’opinion mais à une méthode pour gérer autrement la presse.
L’équipe de Reagan voulait rompre avec la situation de proie qui frappait les politiques face à une presse qui «menait la danse», qui choisissant les sujets, les scandales …
Il importe également d’ajouter qu’autant Reagan était capable de suivre avec talent une opération scénarisée, autant les improvisations pouvaient donner le pire.
Pour toutes ces raisons, en accélérant le rythme d’exposition du candidat, ce dernier obligeait la presse à «venir sur son terrain» et donc mettait un terme à un agenda fixé de fait par la presse.
A ce premier raisonnement s’est ajoutée ensuite une considération de fait.
Le flux quotidien d’informations a considérablement augmenté par l’internationalisation des actualités, par la multiplication des supports … si bien que chaque citoyen est assiégé par des informations en nombre et en acuité croissants.
Garder le rythme d’antan devenait pour un responsable public l’assurance d’une marginalisation croissante, donc d’un désintérêt croissant.
Par conséquent, il importe de rechercher en permanence l’exposition la plus forte possible car elle permet de s’inscrire dans le champ de l’attention quotidienne.
C'est ce que Justin Trudeau réussit avec talent en organisant une succession de diverses campagnes tout en donnant une prime permanente au terrain, à la proximité pour répondre au dernier enjeu (où ?).
Justin Trudeau est aujourd'hui l'un des leaders modernes à le mieux réussir cette bataille de l'hyper-visibilité sans être au pouvoir.
S'il accède au pouvoir en 2015, sa pré-campagne deviendra un modèle pour les autres démocraties modernes.