Sénatoriales 2014 : Alpes - Maritimes : Philippe Buerch fait le point

A l’occasion de la rentrée de l’Association AGIR, EXPRIMEO a souhaité ouvrir ses colonnes à son Président Philippe BUERCH, dont l’actualité immédiate méritait que l’on s’attarde un instant sur les raisons de son engagement.

Près de six mois se sont écoulés depuis les élections municipales de mars dernier ; l’occasion était alors offerte à Philippe BUERCH de faire le bilan de la campagne municipale de mars dernier à CANNES.

Entretien.

1°) Votre nom figure sur la liste sénatoriale que conduit Monsieur le Sénateur UMP Jean-Pierre LELEUX. Pouvez-vous nous faire connaître les raisons de votre engagement ?

Philippe Buerch : Lorsque Monsieur LELEUX m’a demandé d’intégrer la liste qu’il conduit aux sénatoriales pour l’élection du 28 septembre prochain, je n’ai pas longuement hésité à lui faire connaître ma réponse. Ma décision a été guidée par plusieurs raisons.

Tout d’abord, je connais bien le Sénateur LELEUX et sa personnalité correspond à mon tempérament. Il est un homme d’écoute, de dialogue, et de convictions. Je suis né à GRASSE et mon attachement pour cette commune et le Haut Pays grassois remonte à ma plus tendre enfance. Lorsqu’il était Maire de cette commune, Jean-Pierre LELEUX a fait un travail considérable de réhabilitation du Vieux Grasse : il a su redonner à cette ville les couleurs du passé, en lui permettant de renouer avec le rayonnement qui fut le sien au cours des années antérieures. Grasse a conservé toute son authenticité, sa cathédrale s’élève au cœur de la vieille ville, et il était important qu’un Maire soit capable de redonner à cette commune la dimension internationale qu’elle avait quelque peu perdue par le passé.

Le thème de sa campagne « La voix des territoires » souligne l’attachement que Jean-Pierre LELEUX porte à la ruralité et à l’équilibre des territoires. La liste dite « officielle » ne représente que le littoral, et il me paraissait primordial qu’un Sénateur, au demeurant ex tête de liste UMP et sortant, montre tout l’attachement qui est le sien à la diversité de nos paysages et de notre département.

Ensuite, vous n’êtes pas sans ignorer mon engagement et ma passion pour la vie politique, publique, au sens « organisation de la Cité » ; cette élection particulière, au suffrage indirect, me donne la possibilité de communiquer avec les élus sur des sujets majeurs qui préoccupent tant le département que la France.

De plus, Jean-Pierre LELEUX est un homme libre, il conduit une liste que nous qualifions de parallèle ou alternative, et non « dissidente ». Sa légitimité à briguer un nouveau mandat de Sénateur m’est apparue naturelle et justifiée. Il conduit cette campagne sans dénigrer personne, ni remettre en question le choix des instances de l’UMP. Il fédère, écoute, échange, et nous rappelle qu’il n’a jamais failli durant son mandat de Sénateur. Il a montré, mieux que personne, qu’il savait « passer la main » en transmettant le témoin à Jérôme VIAUD. Il a su démontrer sa capacité à tendre la main à la jeune génération et a fait passer le message qu’il n’entendait se consacrer qu’à son mandat de Sénateur. Il est précurseur, en ce sens, de la mise en application de la loi sur le non-cumul des mandats. Songez un instant que certains, figurant sur d’autres listes, auront à choisir entre leur mandat de Sénateur, de Conseiller général, et de Maire.

Si la politique en France est à ce point discréditée, c’est en raison de ce genre d’attitude qui reste pour la majorité des français incompréhensible.

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On ne s’engage pas en politique pour cumuler des mandats, mais parce qu’on a le désir ardent d’y consacrer une partie de sa vie au bénéfice de ceux qui ont besoin qu’on leur tende la main, et avec la volonté de réaliser des projets pour le bien et l’intérêt communs.

Jean-Pierre LELEUX fait partie de ces hommes, et c’est un honneur pour moi que de le soutenir et de m’engager à ses côtés.

Enfin, nous partageons, Jean-Pierre LELEUX et moi-même, des valeurs communes : celles de l’autorité de l’Etat, de la liberté d’entreprise, de la solidarité, et du nécessaire engagement de la France pour la jeunesse et l’éducation.

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2°) Votre père est Maire de la commune de BAIROLS, village médiéval du Haut Pays niçois. L’avez-vous consulté avant de prendre votre décision ?

Philippe Buerch : J’ai pour habitude d’interroger ceux qui me sont proches, et cela me paraît naturel. Mais je prends toujours seul mes décisions. J’ai cette fois demandé à mon père de me répondre non pas comme Maire de sa commune, mais comme un père, censé guider son fils sur la voie qui est celle de sa passion. Après quelques explications, il a compris mon choix et ne s’est nullement permis de le remettre en question.


3°) Votre père semble assez proche de Monsieur le Député Maire de NICE, Christian ESTROSI. Cela vous a-t-il confronté à des difficultés à ce titre ?

Philippe Buerch : Mon père a une profonde admiration pour le parcours de Christian ESTROSI. Il l’a vu grandir en politique et le Maire de NICE a toujours accordé à mon père une attention toute particulière. Il l’a décoré de l’Ordre National du Mérite, a été présent à toutes ses fêtes traditionnelles pendant de nombreuses années, et lui a toujours réservé une oreille attentive pour la réalisation des projets que mon père souhaitait conduire pour sa commune.

Je n’entends pas être rangé dans une case : je suis un homme libre. Je peux à la fois avoir du respect pour le Maire de NICE, reconnaître à Eric CIOTTI une détermination sans faille à vouloir que la situation change et son attachement au monde rural. Mais en même temps, je ne parviens pas à comprendre les raisons du comportement « girouette » de l’élu d’une commune non éloignée de celle où je réside, soutenant durant des années des hommes et des femmes, pour après leur « tourner le dos » pour de viles raisons que je n’ai nulle intention d’exposer ici. Les élus du bassin cannois partageront probablement ma position sur le sujet.

C’est en partie de cela, aussi, que la politique souffre, et c’est également l’une des raisons pour lesquelles la jeunesse ne se sent plus concernée par la politique en général.


4°) Ne craignez-vous pas que votre engagement soit préjudiciable à votre avenir politique ?

Philippe Buerch : C’est un trop grand honneur pour moi d’imaginer que l’engagement d’un homme seul ne représentant qu’une pièce de l’échiquier politique puisse être la victime des dissensions inhérentes à une bataille électorale qui n’est le fruit que de la démocratie.

J’aime cette idée de la liberté d’engagement. La politique est une affaire de famille : mon parrain, Albert BOETTI, a été Maire de BAIROLS, puis ce fut le tour de mon père. La politique est dans mon A.D.N. Encore une fois, je n’accepterai jamais que l’on me dicte mes conduites.
Je me suis engagé auprès de Jean-Pierre LELEUX par conviction et parce qu’il mérite que son mandat soit reconduit.

Ma présence sur sa liste n’est pas une candidature de témoignage mais une candidature d’engagement. Monsieur LELEUX le mérite en ce qu’il est animé, au même titre que moi, par une conception humaine de la politique : celle du désintéressement et du don de soi par abnégation pour les autres.

J’ai aussi le droit et la liberté de soutenir activement l’action d’Eric CIOTTI, de faire partie intégrante de l’association de ses amis et de penser, certes sans certitude, que François FILLON n’est pas la personnalité la mieux préparée à devenir le prochain Président de la République. Ceci ne m’empêchera pas de penser qu’en sa qualité de Premier ministre durant cinq ans, il a assumé des responsabilités qui rendent légitimes son désir de vouloir participer aux primaires de l’UMP.


5°) Comment se déroule cette campagne des sénatoriales ?

Philippe Buerch : C’est une campagne exaltante, passionnante, au contact des élus. Issu de la société civile et exerçant ma profession de Notaire à CANNES, c’est aussi l’occasion pour moi de dire à ceux et celles qui nous écoutent mon attachement pour le monde rural. Mon père étant Maire de la commune de BAIROLS depuis trente ans, nous partageons tous deux ce sens de l’engagement et ce respect de la mission de Service Public.

La situation est extrêmement grave en cette période : perte des valeurs morales, crise de régime, crise économique majeure, tous les feux sont au rouge et il est temps désormais, pour des citoyens engagés –dont j’espère faire partie–, de changer les choses et de montrer que la politique a aussi ses vertus, qu’elle doit être le fruit d’une action désintéressée, d’un engagement sans faille, et d’un don de sa personne pour l’avenir et l’intérêt général.

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L’accueil dans les villages de ces élus qui, comme moi et comme notre équipe, aiment la politique, est plutôt favorable. La personnalité de Monsieur LELEUX est très appréciée, et véhicule à juste titre l’image d’un homme d’ouverture, authentique, et engagé dans tous les mandats qu’il a eu à assumer.


6°) Revenons un instant sur les municipales de mars dernier. Vous avez ouvertement soutenu la candidature de Philippe TABAROT. Le regrettez-vous ?

Philippe Buerch : Je ne regrette absolument pas l’engagement qui a été le mien à ses côtés, et si c’était à refaire je le referais. Je connais bien Philippe TABAROT, et sa personnalité mérite d’être mieux appréciée.

Son empathie pour les citoyens est indéniable. J’ai toujours eu beaucoup de respect par ailleurs pour Michèle TABAROT, Députée Maire de la Ville du Cannet. Tous les deux ont montré un sens de l’écoute et une attention particulière dans les rencontres personnelles que nous avons pu avoir. Les combats qu’elle a menés en faveur de l’adoption et de l’emploi sont des sujets qui me tiennent particulièrement à cœur. A ce titre et par amitié, je leur ai apporté mon soutien. Mon engagement était aussi le prolongement des dernières municipales de 2008, puisque j’ai appelé à voter au deuxième tour pour Philippe TABAROT.


7°) Nous avons été surpris de constater que vous n’aviez pas intégré la liste de Philippe TABAROT. Pouvez-vous nous en préciser les raisons ?

Philippe Buerch : Philippe TABAROT m’a fait une proposition que j’ai déclinée. Elle ne correspondait pas à mes attentes, et il me semblait qu’il était important d’être utile dans l’exercice d’un nouveau mandat électif. Nous avons par ailleurs eu des divergences qui expliquent pour partie la défaite de Philippe TABAROT.


8°) Pour évoquer cette défaite, quelles ont été pour vous les raisons de celle-ci ?

Philippe Buerch : Les Cannois ont rejeté massivement l’idée qu’une même famille puisse s’arroger les prérogatives politiques de deux communes géographiquement limitrophes. C’était une question d’indépendance territoriale.

Par ailleurs, Philippe TABAROT souffre indirectement de l’omniprésence et de la personnalité forte de sa sœur, le mettant souvent dans l’ombre de cette dernière. Il n’a pas été, à mon sens et dans son équipe, suffisamment à l’écoute des conseils que nous lui prodiguions. Le rendez-vous de la jeunesse a été manqué, et celui des thèmes des pôles universitaires était à développer. Sa liste par ailleurs n’était qu’un copier-coller de la liste de l’élection 2008. Il a montré sa fidélité à l’ancienne équipe, mais aurait dû faire émerger de nouvelles têtes. Enfin, et sans vouloir heurter la génération des plus anciens, une place trop importante a été donnée à celle-ci.

Je note également, et c’est une raison majeure de la défaite de Philippe TABAROT, que la campagne de David LISNARD a été remarquable, orchestrée comme une partition parfaitement rodée du début à la fin. Nous avions l’impression que tout était organisé selon un agenda parfaitement réglé par le candidat lui-même. Philippe TABAROT a mésestimé les qualités politiques de son adversaire et a cru que la campagne de 2014 était identique à celle de 2008.

David LISNARD a incontestablement conduit une campagne d’un autre niveau, même si la campagne de Philippe TABAROT a été excellente sur le terrain. Nous avions l’impression de nous heurter à une campagne nationale, laissant la parole à des personnalités de haut niveau, alors même que nous étions bien éloignés du niveau adéquat sur les réseaux sociaux. J’ai senti progressivement l’écart se creuser, mais je n’ai pas eu vraiment l’occasion de pouvoir m’en ouvrir à Philippe.


9°) Depuis la défaite de Philippe TABAROT l’avez-vous revu ?

Philippe Buerch : Non. Je ne l’ai pas revu et je dois reconnaître que son attitude me surprend quelque peu. Je puis comprendre qu’il ait été assommé par le résultat et l’écart important constaté ; en même temps, je regrette cette absence d’échanges, ne serait-ce que pour le plaisir de se revoir sur un registre purement cordial.


10°) Pensez-vous qu’il se positionne toujours comme opposant ?

Philippe Buerch : Pour tout vous dire, c’est une de mes interrogations mais si tel était le cas, je le regretterais profondément : cela signifierait qu’il n’a tiré aucun enseignement de cette dernière campagne et du résultat des urnes. Les cannois ont adressé un message clair et net ; ils ont choisi leur candidat et ils l’ont fait massivement. Philippe TABAROT et David LISNARD appartiennent à la même famille politique et il me paraît logique que Philippe TABAROT se range au service du nouveau Maire, tout en lui faisant comprendre que les thèmes qu’il avait défendus seront portés au débat. En bref : un soutien non pas sans concession mais un soutien vigilant.


11°) Quels sont vos rapports avec l’actuel Maire de Cannes ?

Philippe Buerch : Ils sont plutôt bons. Notre histoire est plus ancienne qu’il n’y paraît, nous nous sommes connus lors de l’entrée en campagne de Bernard BROCHAND. Nos rapports au début ont été difficiles mais jamais haineux.
Il y a eu une forme de cécité entre nous : David LISNARD ne me connaît pas suffisamment, et la réciproque est vraie.
Au lendemain de son élection, j’ai découvert un homme attentif qui m’a beaucoup surpris, montrant une attention toute particulière, là où dans le passé, nous n’avions jamais eu la possibilité d’échanger. C’est donc un point positif que je ne négligerai pas.


12°) Quel est désormais votre attitude à son égard ?

Philippe Buerch : Courtoise et respectueuse du suffrage universel. Je n’ai aucun a priori négatif et plutôt une perception nouvelle de nos rapports, ainsi que la certitude qu’il va vouloir s’engager dans sa Ville comme premier Magistrat.


13°) Serez-vous présent lors de sa rentrée politique dimanche prochain ?

Philippe Buerch : Oui, après y avoir réfléchi, j’ai décidé de m’y rendre. J’y serai présent pour attester de mon impartialité et de mon attachement à l’intérêt général, au service des cannois. Je dois faire preuve d’intelligence et de pragmatisme.

Les guerres stériles à Cannes n’ont que trop duré et il est temps de voir ce climat changer.
Il ne s’agit pas d’un engagement, mais d’une volonté de me montrer attentif à ma ville, comme Cannois d’abord mais aussi comme Notaire exerçant dans une des études les plus importantes du département.


14°) Quelle est votre actualité de cette rentrée au sein d’AGIR ?

Philippe Buerch : Nous avons l’honneur de voir désormais notre Association se doter d’une marraine en la personne d’Ingrid CHAUVIN. Le drame douloureux qu’elle vient de vivre a été un passage délicat de sa vie. Mais le couple a une énergie extraordinaire et une dignité très grande. Ils se reconstruisent en s’engageant notamment pour les enfants malades à l’Hôpital NECKER. Il nous est apparu naturel de nous engager à ses côtés pour défendre les valeurs auxquelles nous sommes attachés.

Nous réfléchissons également à un colloque sur les rebonds possibles de la croissance avec des personnalités telles que Nicolas BAVEREZ, Mathieu PIGASSE, Franz-Olivier GIESBERT, l’ancien Maire de GRENOBLE, Monsieur DESTAU, Daniel COHEN, etc. et à la venue d’une personnalité de premier plan dans le cadre d’une conférence.


15°) Pour quelles raisons pensez-vous que le chemin peut désormais s’ouvrir pour vous ?

Philippe Buerch : D’abord, dans les actuelles périodes de crises généralisées comme c’est le cas en ce moment, toutes les contributions pour sortir d’une telle situation sont utiles, nécessaires, et même indispensables. Ne pas participer à ce travail collectif serait une défaillance grave.

Ensuite, l’enjeu n’est pas qu’un chemin individuel s’ouvre. Pour moi, ce chemin individuel s’est ouvert depuis longtemps déjà. Ma vie professionnelle et ma vie familiale sont un chemin qui me convient pleinement. D’ailleurs, ma réussite professionnelle explique bon nombre des difficultés qui peuvent parsemer mon parcours politique.

La seule question qui compte aujourd’hui pour chacun c’est : comment mettre les crises en crise ? Les crises morales, financières, économiques, internationales, environnementales... ne peuvent continuer à ce point d’être des voisines obligées de chaque jour et sans issue perceptible.

Il faut être capable de tourner ces pages par des mesures déterminées, courageuses.
Cette attitude arrivera. Plus elle arrivera vite, plus le progrès collectif y gagnera face à des années qui, avec le recul de l’Histoire, apparaîtront comme une terrible fuite en avant.
Que retiendra l’Histoire de la présente période ? Aucune crise n’est vaincue durablement.
L’Occident gagne une première guerre contre le terrorisme, mais la paix en découle-t-elle ? Non. Le terrorisme revient, et encore plus gravement.

La planète va mal. Le changement climatique gagne du terrain. Qu’est-ce qui est fait pour inverser la donne ? Rien.

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Les finances publiques sont en perdition. Quelles mesures radicales sont mises en œuvre pour changer cette tendance ancienne et suicidaire ? Rien en dehors de l’univers, des mots et des bonnes intentions.

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Il y aura un moment où la collectivité comprendra qu’il lui a été beaucoup donné et que toutes ces avancées collectives ont été gâchées.

C’est cette situation que je ne veux pas connaître quant à mon implication individuelle.

Je ne veux pas être conduit un jour à considérer que je n’ai pas assumé les devoirs de participation au collectif qui devaient être les miens de façon naturelle.

Voilà l’état d’esprit qui est le mien. Seul ce travail collectif m’intéresse. Le retour attendu est la solution collective, et non pas un plan de carrière politique.

Entretien accordé par Philippe BUERCH, le 9 septembre 2014.

  • Publié le 13 septembre 2014

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