Ségolène Royal et le nouveau site Internet UMP
L'inégalité financière atteint des excès dans le paysage politique français à l'exemple de la bataille pour les nouveaux sites Internet.
La leader socialiste a été exposée à une campagne négative pour un nouveau site Internet d'un coût de 41 000 ââ¬.
Depuis plusieurs semaines déjà, dans des milieux professionnels, des chiffres élevés circulaient au sujet du site Internet UMP. Il était question de 300 000 ââ¬, puis de 500 000 ââ¬.
Selon l'hebdomadaire Le Point (page 22 du n° du 24/09/09), le coût définitif serait de ... 1 800 000 â⬠!
Ce coût ne donne lieu à aucun commentaire en dehors d'une modeste brève en bas de page d'un hebdomadaire national.
Cette double différence de prix et de traitement devrait pourtant susciter de nombreuses observations.
L'argent n'a jamais garanti la victoire. Mais la différence aussi manifeste de moyens n'est pas le marqueur d'une démocratie équilibrée.
En réalité, derrière cet exemple se profile une autre technique d'organisation du débat public Français qui est d'une redoutable perversité : l'orchestration des commentaires.
La France est tombée à son tour dans le nouvel enjeu de communication qu'est la bataille des commentaires sur la vie politique.
Dick Morris, alors Conseiller de Bill Clinton, a été le premier théoricien de cette pratique mise en oeuvre à l'issue du premier mandat de Bill Clinton : gagner la bataille des commentaires. Il a organisé la tâche de celles et de ceux qui allaient commenter notamment les interventions présidentielles et ajouter au message du Président.
C'est exactement l'exercice auquel nous assistons en France depuis 48 heures.
Mais la "technique Française" apporte comme toujours ses "innovations".
1) Ce sont d'abord les "satellites" de la Présidence qui diffusent la "bonne parole". Là c'est Alain Minc. Ailleurs, c'est FOG qui avait écrit le livre de lancement de la présidentielle 2007 pour Sarkozy... Ce sont des temps de paroles qui s'ajoutent au temps initial. La France apparait dans de telles circonstances comme un pays avec si peu de talents puisque ce sont toujours les mêmes qui écrivent, puis passent à la TV et terminent à la radio...
2) Le commentaire est donné sans discussion. Il a ainsi été décidé que la mention "coupable" au sujet de Clearstream serait un ... lapsus. Qui a décidé ? Le Président n'a présenté aucune excuse. C'est une telle énormité que les commentateurs officiels ont décidé qu'il en serait ainsi. C'est surprenant de voir autant de personnes prêtes à sacrifier la qualité d'une analyse pour plaire au pouvoir.
Autant de oui permanents devraient commencer à rendre le non séduisant... mais est-ce bien le cas pour la majorité de l'opinion ?