Isabelle Baert dresse la "preuve locale" de Martine Aubry

  • Isabelle Baert

Isabelle Baert est Conseillère Municipale de Lille. Cette enseignante incarne l'approche sérieuse, pragmatique, solide qui fait si souvent défaut malheureusement. Avec Isabelle Baert, les faits et les chiffres prennent le pas sur les polémiques stériles.

Au moment où Martine Aubry déclare comme "sa grande cause nationale l'emploi", Isabelle Baert dresse le bilan de Martine Aubry comme Maire de Lille dans son action pour l'emploi.

C'est un dossier qui mérite une lecture attentive.

Que peut-on apprendre ?

" ...

Martine Aubry a classé l’emploi en grande priorité nationale. Qu’a-t-elle fait sur Lille ?

Quelles étaient les promesses municipales de campagne de madame AUBRY en 2008 ? La création de 15 000 emplois sur le bassin de Lille...

Où en sommes-nous, aujourd’hui ?

3700 emplois au bout de 3 années de mandat (chiffre du bilan de mi-mandat)… soit 25 % de la promesse à mi-mandat !

15,8 % des Lillois sont au chômage dont 19% sont des jeunes de moins de 25 ans (source : DRANPE Observatoire) ?

Ce chômage atteint 40 % dans les quartiers en lourdes difficultés sociales.

Le budget de l’emploi représente 11,5 millions d’euros, (en 2008 il était de 9,5 millions d’euros) soit deux millions d’euros affectés en plus, à cette politique de l’emploi depuis 3 ans.

Pour 100 euros dépensés, 2 euros vont à l’économie et l’emploi !

La dernière proposition de Martine Aubry est l’implantation d’une nouvelle maison de l’emploi, qui va coûter 5 millions d’euros, dont près de 4 pour la participation ville, soit la moitié du budget dédié à l’emploi, la priorité est-elle là ?

Pour la mission locale, 265 jeunes seulement ont suivi un atelier de sensibilisation aux métiers porteurs…sur 6873 jeunes accueillis et seulement 179 entreprises sur les 19 473 que compte la ville sont en partenariat actif avec la mission locale, soit moins d’1%…

Au conseil municipal du 10 Mai 2010, pour Lille Sud, Pierre de Saintignon promettait 900 emplois pour les jeunes de Lille Sud.

Le 21 novembre 2010, il ne parlait plus que de 600 emplois… Aujourd’hui, Martine Aubry recule…

le 28 mai 2011, elle déclarait : « L'engagement ne se fait pas sur les 900 emplois. Il se fait sur la … démarche. » C’est ce genre nuance de qui vous cadre tout de suite le champ des possibles…

Il aura fallu aussi attendre mai 2011 pour voir se créer, par le biais de la Maison de l’Emploi pourtant installée depuis 2007, et qui compte 10 animateurs… un « circuit court » entre des jeunes Lillois en recherche d’emploi et 27 chefs d’entreprise…Pour un espoir potentiel de 2000 remises à l’emploi, dans les deux ans qui viennent… Que de temps perdu avant de rassembler les chefs d’entreprises autour d’une table!

Autre ballet de chiffres complètements farfelus lancés à la cantonade par un Pierre de Saintignon, en verve, qui double les vrais chiffres, en annonçant au conseil municipal de mai 2010, 500 emplois créés au casino Barrière, alors qu’en décembre de la même année, dans Lille Magazine, ces chiffres sont démentis par ses propres services, nous sommes à 279 salariés au Casino Barrière dont 125 Lillois…

Autres problèmes : il n’y a aucune politique de réservation foncière à destination économique (or Tertiaire), ce qui freine l’implantation de nouvelles PMI, petites ou grosses…confrontées aux coût du foncier. De plus la dominance du tertiaire ne permet pas une palette d’emplois en adéquation avec les potentialités des demandeurs d’emplois…

Même analyse pour faciliter l’implantation et la création de PME commerce et artisanat … Pourquoi ne pas définir, notamment dans notre centre ville, qui se bancarise ou qui se laisse envahir par la téléphonie mobile, un périmètre - comme l’a fait par exemple Bordeaux- pour développer le commerce, ils ont utilisé dès janvier 2008, leur droit à la préemption, sur les fonds de commerce, fonds artisanaux et baux commerciaux sur un périmètre de la ville…

A Lille, par idéologie, la municipalité ne veut pas avoir recours à la Loi Dutreil, nous n’utilisons pas ce droit comme nous le pourrions ! nous n’exerçons ce droit qu’occasionnellement et ponctuellement (ex : le Bazar de Wazemmes), cela n’a donc pas de réel impact en terme de dynamisme sur l’échelle d’un quartier.

Non seulement nous nous privons d’un outil qui pourrait nous permettre de revitaliser notre centre ville, mais par ce biais nous pourrions aussi modérer le développement d’un même type de commerce, par rue…Le dynamisme économique et de l’emploi, c’est possible aujourd’hui dans d’autres villes, elles sont pourtant confrontées, elles aussi, aux difficultés de la crise, c’est donc bien une aptitude et une responsabilité politique locale.

Exemples:

- Marseille qui s'appuie sur un programme d'action précis jusqu'en 2014 qui devrait permettre la création de 30 à 35 000 emplois avec les axes suivants : soutien à la formation supérieure, la recherche et le développement, restructuration et dynamisation des bassins portuaires, développement d'une offre foncière, soutien à l'innovation industrielle via les pôles de compétitivité. Elle affiche une politique volontariste en matière d'emplois avec la création de zones franches urbaines et le Grand Projet de ville, politique qui porte ses fruits puisqu'en 10 ans le taux de chômage a baissé significativement de 10%... A Lille ? en 10 ans il a augmenté de près de 2 % (Chiffres INSEE : en 2001 : 9,3%, en 2011 :11,1%)

- Toulouse qui caracole dans les classements, en tête du peloton des grandes villes de France dynamiques, créatrices d'emploi et qui s’enrichie de 7000 nouveaux habitants annuels…Comparez avec Lille : en 12 années 14000 nouveaux habitants ! (chiffres site ville de Lille)…Où est l’attractivité ?

- Lyon qui affiche une ambition européenne : Faire entrer la cité lyonnaise dans le club des 15 premières métropoles européennes, voilà ce qui motive tous les acteurs économiques de l'agglomération et du Grand Lyon. Notre position géographique, au coeur de l’Europe pourrait nous mettre en pôle position. Ce n’est pas le cas…Et on ne me ferra pas croire à l’impuissance politique d’un Maire d’une grande ville. Le groupe australien de consulting 2thinknow (qui dédie ses activités à l’innovation urbaine, dévoile un classement des villes les plus innovantes du monde, résultat d’un travail de fourmi et d’analyse de plus de 162 indicateurs différents. Ce classement est réalisé d’après certains facteurs évidents comme la santé ou l’économie locale mais fait la part belle à d’autres plus inattendus, comme la culture. Début 2011, ce groupe a publié son classement des villes les plus innovantes (classement mondial). Dans le Top 100 des villes figurent Paris (2e), Lyon (9e). qui progresse d’une place depuis l’année dernière. On retrouve également les villes de Strasbourg (33e), Nantes (36e), Marseille (38e), Toulouse (41e), Bordeaux (43e), Montpellier (57e), Reims (77e), Nice (86e).

Lille n’y est pas… Il ne sert à rien de maquiller la réalité et de faire semblant d’avoir des résultats sur ce dossier...."

Ce sont des exemples précis de ce type qui permettent de mieux connaître la réalité des faits derrière les "discours" sur les plateaux médiatiques avec des journalistes qui ont dramatiquement oublié leur travail sérieux d'investigation pour entrer dans le détail des dossiers et non pas seulement servir de passeur de plats pour leurs invités.

  • Publié le 1 septembre 2011

Partagez cet article :

Exprimez votre avis :