François Hollande et les mesures prioritaires attendues par les Français

A la demande de L’Humanité Dimanche, et quelques jours après l’élection de François Hollande comme Président de la République, Harris Interactive a interrogé les Français sur le degré d’urgence qu’ils accordent à diverses mesures qui pourraient être prises par François Hollande dans les cent premiers jours de son mandat, afin d’identifier les mesures – parmi cette liste – qui sont jugées les plus urgentes.

Que retenir de cette enquête ?

Parmi les quatre mesures les plus attendues par les Français dans les cent premier jours du mandat de François Hollande, trois ont trait à un blocage de prix pour protéger le pouvoir d’achat : 68% des Français souhaitent ainsi voir rapidement le blocage des prix d’aliments de première nécessité, 62% le blocage des prix de l’électricité et du gaz et 57% le blocage pendant trois mois du prix des carburants.

Dans une moindre mesure, 52% des Français attendent une augmentation des minima sociaux, et 49% souhaitent que la décision de bloquer le montant des loyers soit prise dans les cent premiers jours du mandat du nouveau Président (dont 65% parmi les jeunes de 18 à 24 ans).

Concernant l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, elle n’est certes citée que par 25% des Français, mais elle est néanmoins souhaitée par une proportion plus importante des personnes concernées (35% parmi celles vivant avec au moins un enfant).

Si le pouvoir d’achat n’apparaissait pas comme une des principales motivations du vote en faveur de François Hollande, cette thématique constitue donc néanmoins la plus grande urgence identifiée au lendemain de son élection. Cette thématique constitue tout particulièrement une priorité pour les membres des catégories populaires.

Parmi les autres mesures les plus attendues par les Français dans les 100 premiers jours du nouveau quinquennat, on retrouve également des mesures visant à « assainir » la vie politique et économique : dans le secteur politique, à travers l’instauration du non-cumul des mandats (64%), ou dans le secteur financier, via la séparation des activités de dépôt et des activités spéculatives des banques (54%).

Près d’un Français sur deux attend également de François Hollande qu’il mette en œuvre rapidement des mesures liées à la redistribution, qu’il s’agisse de supprimer la TVA sociale (49% ; dont 53% au sein des catégories populaires), de limiter de 1 à 20 les écarts de rémunération dans les entreprises publiques (48% ; dont 56% parmi les personnes les plus âgées) ou d’instaurer une tranche d’imposition à 75% pour les revenus dépassant un million d’euros (45%).

Les mesures visant une progression des prestations sociales clivent davantage les Français : si ceux-ci souhaitent majoritairement (52%) que François Hollande permette une augmentation des minimas sociaux dans les cent premiers jours de son mandat, seule une minorité se déclare favorable à des mesures urgentes visant à augmenter le taux de remboursement des médicaments et des soins (seuls 48% le souhaitent), augmenter le SMIC de 250€ nets par mois (38%) ou encore rétablir l’âge légal de la retraite à 60 ans pour tous (29%). Une nouvelle fois, ce sont les membres des catégories populaires qui déclarent le plus attendre ces mesures dans les cent premiers jours du quinquennat de François Hollande.

Les Français ne semblent pas attendre prioritairement de leur nouveau Président un positionnement sur des grands sujets de société : seuls 43% souhaitent l’instauration d’un gouvernement paritaire dans les cent prochains jours – alors même que cette échéance est particulièrement proche –, 38% souhaitent le retrait des troupes françaises d’Afghanistan, 28% l’élaboration d’une loi pour lutter contre les délits de faciès, 21% l’instauration du droit au mariage et à l’adoption des homosexuels et 10% le vote d’une loi autorisant les étrangers à voter aux élections municipales. Notons que les souhaits d’un gouvernement paritaire, d’une loi contre les délits de faciès, du droit au mariage et l’adoption pour les homosexuels, et d’une loi pour le vote des étrangers aux élections municipales ne sont pas particulièrement exprimés par les personnes les plus diplômées.

Les Français sont également partagés sur l’opportunité pour l’Etat de mener de grandes actions transversales visant par exemple à suspendre et examiner les plans de licenciement en cours dans les entreprises (44% le souhaitent dans les cent premiers jours), ou à créer une banque publique (33%).


Plus précisément, les électeurs de François Hollande au premier tour de l’élection présidentielle déclarent un peu plus que la moyenne attendre chacune de ces mesures dans les cent premiers jours du mandat du nouveau Président, quand les électeurs de Nicolas Sarkozy au premier tour indiquent au contraire moins les attendre, que ce soit par désaccord de fond ou par l’urgence moindre accordée à ces sujets, seuls deux éléments recueillant leur approbation majoritaire, soit l’installation du non-cumul des mandats (60%) et le blocage des prix d’aliments de première nécessité (53%).


Parmi les autres électorats de premier tour, notons la forte urgence accordée par les électeurs de Marine Le Pen à des considérations sociales, tant via le blocage des prix que par l’augmentation de prestations sociales comme le taux de remboursement des médicaments et des soins (69%) ou le montant des minimas sociaux (59%), allant jusqu’à souhaiter rapidement la limitation des écarts de rémunération dans les entreprises publiques (59% contre 48% en moyenne). Si l’électorat frontiste se positionne également sur des thématiques traditionnelles du parti, comme le rejet du cumul des mandats (73%) ou le refus du mariage homosexuel (seuls 13% le souhaitent) ou du vote des étrangers aux élections municipales (4%), une dimension sociale émerge indéniablement en son sein.

L’électorat de Jean-Luc Mélenchon se distingue quant à lui par le souhait particulièrement prononcé de voir ces différentes mesures mises en œuvre dans les cent premiers jours du mandat de François Hollande, sans doute parce qu’elles répondent à une attente forte de leur part de justice sociale.

Enfin, les électeurs de François Bayrou souhaitent en priorité l’instauration du non-cumul des mandats (74% le souhaitent), mesure qui est sans doute identifiée comme un des tenants de la « moralisation de la vie politique » promue par le candidat centriste.


Méthodologie : enquête réalisée en ligne du 9 au 11 mai 2012. Echantillon de 1 340 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l’access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région d’habitation de l’interviewé(e).

  • Publié le 17 mai 2012

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