François Hollande confronté à l'enjeu d'identité nationale
L’idée de Nation ne s’est vraiment développée qu’au fur et à mesure du déclin de la féodalité. La décadence des Monarchies puis l’influence des concepts de la Révolution française et enfin l’éveil des aspirations démocratiques ont constitué les ultimes étapes de l’émergence de l’idée de Nation.
La Constitution de 1791 a été un temps fort de cette évolution par exemple en affirmant que «la souveraineté est une et indivisible. Elle appartient à la Nation ; aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice».
Progressivement cette idée de Nation a vécu trois âges.
Le premier âge fut celui de la prise de conscience d’une appartenance commune.
Le deuxième âge s’est caractérisé par la volonté d’expansion de Nations déjà constituées. La Nation se prétend alors investie d’une mission historique. Il lui incombe pas seulement de réunir en son sein les nationaux mais aussi d’apporter aux autres peuples les bienfaits du «génie national». Cette étape sera la base de l’impérialisme. Le discours impérialiste reposait expressément sur l’idée des bienfaits d’une Nation qui doit apporter ses valeurs à d’autres. L’impérialisme britannique, russe ou français se sont bâtis sur ce concept. Nous avons même pu assister à la notion d’une « nation élue » qui animait les armées allemandes ou japonaises. L’idée de Nation cédait alors la place à un nationalisme qui apporta au monde «moderne» des passions analogues aux passions religieuses d’antan.
Le troisième âge, à la lumière des excès de ce nationalisme agressif, donna naissance à la tolérance et au dépassement des passions nationales. En réalité, le sentiment national se manifeste désormais sous d’autres aspects. Si bien que ce troisième âge est parfois considéré à tort comme l’affaiblissement de l’idée de Nation. La politique industrielle, économique, culturelle, sportive voire même sociale demeurent des champs d’expression du fait national.
Ce troisième âge, fait de tolérance entre les différentes identités nationales, subit actuellement un choc : l'émergence du fait religieux dans le débat politique. Ce fait religieux entraîne un retour à des bases plus anciennes et met à l'épreuve le concept même d'appartenance commune dès l'instant qu'une religion est perçue comme le refus de cette appartenance commune.
De surcroît l'internationalisation de certains conflits locaux accélère cette perception. Peut-être pour la première fois depuis le début du XX ème siècle, la société française se trouve exposée à des conflits d'une extrême gravité sur ce point encore sourds mais croissants ?
François Hollande a été perçu comme laxiste ou trop sensible à des intérêts divers voire contradictoires. Il va aborder une rentrée de septembre très particulière une fois la pause d'été passée car, pour la première fois à ce point depuis de nombreuses décennies, les faits nationaux sous des contenus forts prennent de l'ampleur.