Manuel Valls déjà dans l'après Matignon
Les déclarations de Manuel Valls à la City méritent une interprétation à la hauteur de l'ampleur de la rupture idéologique qu'elles portent ?
Imagine-t-on un Premier Ministre de droite se rendant à une bourse du travail étrangère pour dire qu'un discours syndical anti-entreprise devenait sa ... feuille de route ?
C'est pourtant ce qu'a dit fait Manuel Valls en sens ... contraire : aller dans un temple du capitalisme pour célébrer une ... harmonie d'objectifs.
Pendant longtemps la social-démocratie était la frontière de la rupture pour la gauche française. Alors comment qualifier le social-libéralisme ?
Dans un entretien au Nouvel Observateur le 18 août 2005, Michel Rocard avait , une fois de plus, l’honnêteté d’exprimer des réalités lourdes de sens.
Ainsi déclarait-t-il avant le Congrès du Parti Socialiste :
« Il faut jeter à la poubelle ce patois marxiste qui fait écran à la réalité. Nous ne disons pas qui nous sommes : des sociaux démocrates européens. Nous sommes du coup incapables de construire une perspective. »
« Quand je lis les tenants du non à la Constitution européenne, je me rends compte à quel point des gens comme moi sont un boulet pour eux. Ils croient au retour de la politique nationale. Je pense exactement le contraire. Au fond, nous devenons de jour en jour insupportables les uns aux autres. Nous nous paralysons mutuellement. Nous devons nous libérer. »
« Comment peut-on être intelligent, participer à des cercles universitaires et créer Attac, ce monument de bêtise économique et politique ? Cela me sidère et me navre. »
Voilà une déclaration qui avait le mérite d’être claire mais qui fut sans lendemain concret.
Cette déclaration de Michel Rocard est terriblement "tiède" face aux proclamations actuelles de Manuel Valls.
Pour effectuer de telles proclamations, Manuel Valls est déjà entré dans l'après Matignon. Il prend date avec la formidable caisse de résonance qu'offre sa fonction de Premier Ministre.
Tout se passe comme si Manuel Valls actait une lourde défaite du PS lors des cantonales de mars 2015. Une défaite rendant incontournable une nouvelle organisation gouvernementale et l'ouverture pour lui d'une nouvelle étape à l'exemple du "new labour" de Tony Blair. Un "new labour" qu'il ne pourra construire que de l'extérieur du Gouvernement pour se lancer dans une pré-présidentielle à compter de 2016.