Denis Bonzy : "ce 4 novembre, une vraie révolution conservatrice"
L'équipe de rédaction d'Exprimeo a sollicité le pronostic de Denis Bonzy qui a longtemps géré personnellement les sujets liés aux campagnes électorales américaines au sein d'Exprimeo et qui avait été dès 2006 l'auteur des articles annonçant la victoire de Barack Obama en 2008.
"Ce 4 novembre marque une vraie révolution conservatrice.
5 marqueurs méritent l'attention pour bien identifier le sens de ce scrutin.
1) C'est le record des femmes au Congrès : les femmes élues ont capitalisé leur bon sens quotidien face aux moeurs dissolues de Washington. Il faut également avoir à l'esprit que les femmes sont souvent plus radicales et moins promptes à des compromis que les hommes.
Ce record, c'est l'exaltation de la simplicité du terrain.
2) Dans des bastions réputés imprenables en dehors des sièges du Sénat, des camouflets politiques majeurs ont été infligés aux représentants de la classe politique démocrate : Boston, Illinois, Arkansas ...
C'est d'ailleurs probablement le marqueur le plus important.
3) La vague est celle de la "renaissance" : elle n'est pas celle de la nuance. C'est le retour aux fondamentaux des années Reagan.
Parce que cette culture est radicale, elle a vampirisé les thèmes du Tea Party. Loin des clichés de 2010 où les médias se régalaient à mettre en relief des profils très caricaturaux d'intégrismes idéologiques, les candidats 2014 ont purgé les excès mais gardé la "colonne vertébrale" de cette approche.
4) C'est le départ d'une reconquête culturelle sur des bases d'une "magistrature d'influences" différente. Tout ce qui est assimilé ou assimilable à de l'élitisme politique a été sanctionné.
5) C'est le refus de l'impôt et la mode de l'Etat minimum : il y a une différence fondamentale entre les citoyens français et les citoyens américains. Les français restent dans la culture de la monarchie. L’origine est inégale puisque successorale (matérielle, culturelle …) et c’est l’Etat républicain qui restaure l’égalité.
Pour les américains, c’est l’opposé. L’origine est égale nuancée ensuite par le mérite et l’intervention de l’Etat fédéral brise cette égalité, pèse trop lourd.
Dans le premier cas, le citoyen est soumis. Il s’en remet aux pouvoirs.
Dans le second cas, le citoyen est souverain et il dirige les pouvoirs pour qu’ils ne lui nuisent pas.
Cette culture impacte les partis politiques : aux Etats-Unis des coquilles vides pour faire vivre les primaires donc la concurrence entre des candidats égaux aux départs face au parti - logistique.
C’est cette culture qui permet l’éclosion de nouveaux talents."