Manuel Valls paralysé entre l'opinion du parti et la démocratie d'opinion
Un ancien Premier Ministre ne pouvant pas compter sur un parti entièrement voué à sa cause n’a jamais pu se lancer dans une présidentielle gagnante.
Jacques Chaban-Delmas dés 1974 est devenu l’un des premiers grands « féodaux » mais n’a pu retrouver le chemin de l’une des deux têtes de l’exécutif y compris en 1986 en dépit de ses nombreux efforts pour revenir à Matignon.
Toujours en 1974, la tentative avortée de candidature d’union autour de Pierre Messmer a marginalisé définitivement ce dernier.
Il en fut de même de Raymond Barre après l’échec de 1988, d’Edouard Balladur après 1995 et maintenant de Lionel Jospin après 2002.
Seul J. Chirac a échappé à cette « triste logique ». Mais ce n’est pas l’ancien Premier Ministre qui a survécu à 1981.
C’est d’abord le chef de parti. Un chef de parti qui aurait probablement subi le même sort que celui de ses prédécesseurs ou successeurs à Matignon si la fronde des rénovateurs au printemps 1989 lui avait ravi la tête du RPR.
L'avenir d'un présidentiable peut-il être dissocié de la présidence d'un parti ?
Manuel Valls a donné hier soir, pour la première fois à ce point, l'image d'être paralysé entre l'opinion du parti qu'il sait hostile et la démocratie d'opinion qu'il sait moins hostile.
Il a décidé de ne pas choisir. D'où l'absence de contenu à cet entretien télévisé caricature de la discussion de salon sur des sujets accessoires.