John Kerry pour la réconciliation avec "Charlie"
C’est l’histoire d’un vieil homme assis près d’une oasis à l’entrée d’une ville du Moyen-Orient.
Un voyageur s’approche de lui et demande : «Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?».
A son tour, le vieil homme l’interrogea : «Dis moi d’abord comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ?».
Le visiteur répondit : «Ils étaient égoïstes et méchants, c’est pourquoi je les ai quittés». «Tu trouveras les mêmes ici» répondit le vieil homme.
Un peu plus tard, un second visiteur se présenta devant le vieil homme et lui fit la même demande. En guise de réponse, le vieil homme posa la même question : «Dis moi d’abord comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ?».
Le second visiteur répondit : «Ils étaient bons, bienveillants, accueillants et honnêtes. J’y avais de nombreux amis et j’ai eu beaucoup de peine en les quittant ». Le vieil homme lui dit : «Tu trouveras les mêmes ici».
Un marchand non loin de là, avait été témoin de cette scène. Il s’approcha du vieil homme et lui dit son étonnement : «Comment des paroles si différentes peuvent elles sortir de ta bouche en réponse à la même question ?».
«Mon fils, lui dit le vieil homme en se dressant légèrement, chacun porte son univers dans son cœur. D’où qu’il vienne, celui qui n’a rien trouvé de bon par le passé ne trouvera rien de bon ici non plus. Par contre, celui qui avait des amis dans d’autres villes trouvera des amis ici aussi. Apprends le en effet : tels nous sommes, tels nous voyons les gens qui nous entourent».
Cette approche résume beaucoup les relations entre la France et les USA.
Il y a 10 ans, les positions différentes sur la guerre en Irak avaient creusé un fossé.
Aujourd’hui, tout est revenu au beau fixe. Au-delà des tensions ponctuelles, il faut d’abord constater que ces deux pays ne se sont jamais fait la guerre. Bien davantage, les Français ont aidé les Américains dans leur guerre d’indépendance tandis que les Américains sont venus en aide à la France pendant les deux guerres mondiales.
Des tensions naissent parfois d’abord de malentendus liés à des différenciations fortes.
L’antiaméricanisme est apparu en France au milieu du 19ème siècle quand des intellectuels Français décrivent la société Américaine comme la puissance matérialiste faite d’une absence de culture et de triomphe de l’égoïsme individuel.
Les plus anti-américains ont été longtemps aux extrêmes, gauche ou droite d’ailleurs. Le journaliste Jean Cau a longtemps incarné l’anti-américain de droite dénonçant la contagion dans des termes violents à l’exemple de son livre Pourquoi la France (1975) : «nous devenons fous parce qu’on nous vole notre âme, parce que nous devenons autres, parce que l’Américain que nous ne sommes pas se glisse en nous».
Il est exact qu’une américanisation de la France est intervenue : musique, films, nourritures, vêtements … Des supports qui cultivent souvent une Amérique mythique faite de jeunesse, de liberté, de dynamisme, d’énergie, de vitalité, d’innovation.
Progressivement, deux identités se sont construites. Avec la mondialisation, l’identité Américaine a pris un essor sans précédent. La France ne doit pas vivre cette situation avec repli et regret. Bien au contraire. En 1976, à l’Université du Michigan, Françoise Giroud a prononcé l’un des plus beaux discours sur les relations entre la France et les USA. Un discours prémonitoire dans de très nombreux domaines à l’exemple des difficultés de l’Est. Elle l’a conclu par les mots suivants «même ceux qui souhaitent votre abaissement le redoutent parce qu’ils savent que, si vous laissiez tomber de vos mains le flambeau de la liberté, il s’éteindrait peut être pour des siècles».
Ce message doit toujours inspirer nos positions comme le souvenir de cette solidarité sans faille dans les moments les plus délicats.
L'absence physique de Barack Obama hier ne doit pas faire oublier cette réalité historique.
Il a le meilleur Ambassadeur possible : John Kerry.
John Kerry sera de visite cette semaine et dissipera rapidement les ultimes malentendus.
Denis Bonzy
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