Du "Hollande bashing" à la Hollandemania : le poids du mimétisme

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En quelques jours, l'opinion française est passée d'un extrême à l'autre : du Hollande bashing à la Hollandemania. 5 facteurs expliquent cette évolution :

1) En France, le succès précède le soutien. Une partie considérable de l'opinion est légitimiste. Derrière ce constat, ce n'est pas le respect du "pouvoir installé" mais le fait "d'avoir raison" avec le grand nombre. Donc le sentiment de la tendance du "grand nombre" compte. C'est pourquoi les sondages sont désormais terriblement instrumentalisés et créent des tendances auto-entretenues. Un bon sondage annonce des ... bons sondages et de mauvais indicateurs annoncent de ... mauvais indicateurs. Tout l'enjeu consiste à inverser les tendances, ce qui est très difficile dans ce contexte.

FRANÇOIS HOLLANDE Et VALÉRIE TRIERWEILER

2) François Hollande bénéficie aussi des difficultés de l'opposition. Marine le Pen a raté le rendez-vous du 11 janvier et encore davantage de l'après 11 janvier. Nicolas Sarkozy a été fondu dans une "union nationale" rarement connue à ce point sous la Vème République. Même aux périodes des guerres du Golfe, cette unanimité n'a pas existé à ce point en faveur des pouvoirs d'alors. En réalité, l'opposition a manqué le rendez-vous de sa diversité. Elle n'a pas été capable de trouver en son sein des voix dissonantes continuant à critiquer le pouvoir. Par conséquent, dans ce silence, le mimétisme classique a pris une ampleur inédite.

3) Dès les premiers jours de janvier 2015, avant même les drames, François Hollande avait décidé d'une nouvelle communication. Le cap avait été donné dès les voeux pour 2015. De nouveaux outils se mettaient en place. La présidence avait manifestement pris un tournant dans la communication présidentielle. Cette étape préparée a permis d'être au rendez-vous des drames du 11 janvier.

4) François Hollande est sorti de la "banalité". Le "candidat ordinaire" ne pouvait être un "citoyen ordinaire président". Ce positionnement est totalement contraire à la mentalité française. Pour les français, à l'opposé des scandinaves, le pouvoir présidentiel ne peut être "ordinaire".

5) François Hollande est devenu "mode". La mode, c'est le marqueur du regard d'autrui. Si le regard d'autrui est positif, la mode est là. Ce regard est construit par une multitude de facteurs : médias, proches, relais politiques ... Jusqu'alors François Hollande était isolé face à des critiques permanentes y compris de son propre camp. Actuellement, c'est l'approbation ou ... le silence. La politique moderne vit au rythme des caisses de résonances avec les réseaux sociaux.

FRANÇOIS HOLLANDE

La seule question pratique actuelle : qu'est-ce qui peut provoquer la rechute ? Il va falloir attendre plusieurs mois pour que le retour à "l'ordinaire" frappe. Finalement la clef de la campagne ("l'ordinaire") est la clef de l'impasse à la présidence. Il fallait la dompter hier pour la chasser aujourd'hui. François Hollande y parviendra-t-il longtemps ?

  • Publié le 23 janvier 2015

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