Bruno Le Maire et la réponse à la crise du politique

  • Segolene Royal
  • Bruno Le Maire

Bruno Le Maire est actuellement le seul leader national qui se positionne en permanence et de façon très cohérente comme une réponse à la crise du politique.

Si les citoyens se sont coupés des élites politiques en se réfugiant désormais dans des scrutins vengeurs c'est aussi probablement parce que les élites politiques se sont progressivement coupées des citoyens.



Les reproches formulés par les citoyens sont la dénonciation d’une élite insubmersible coupée des réalités du quotidien.

Le politique a considéré que l'opinion n'acceptait pas de regarder en face des modifications majeures liées notamment à la nouvelle donne économique internationale.

Bref chacun s'est ainsi progressivement réfugié dans une forme de solitude totalement incompatible avec la démocratie de délégation qui correspond à la tradition politique française.

La dernière présidentielle qui a été construite sur cette offre est celle de Ségolène Royal en 2007. La grande qualité de la campagne de Ségolène Royal lors des primaires socialistes de 2006 a été de faire émerger un concept de «démocratie participative» axée sur la redéfinition des relations entre les citoyens et les décideurs politiques. Par ce concept, les décideurs politiques sont en prise directe, à l'écoute permanente des citoyens.

Ce faisant, la leader socialiste, à ce moment de la campagne présidentielle, a apporté une réponse pratique, concrète, symbolique, efficace à un des grands maux de la période présente. Parce qu'elle répondait ainsi à une attente très forte de l'opinion publique, cette dernière lui a assuré un soutien immédiat et une popularité très forte.

Ségolène Royal est alors parvenue à apparaître comme un nouveau visage et surtout comme une nouvelle pratique de la vie publique.

Sa force a été telle qu'elle a tout au long des primaires emporté les barrages qui devaient arrêter sa progression … La leader socialiste avait rencontré la «vague porteuse» à cette époque.

Mais le démarrage de campagne a remis en question cette situation. Les bavures ont donné naissance à une nouvelle image, celle de la «République des bricolos».

Elle a perdu la qualité d'efficacité qui est un des socles du tempérament présidentiel.

Avec ses approximations de la seconde quinzaine de janvier 2007 S. Royal a considérablement fragilisé sa position puisqu'elle est apparue comme de nature à ne pas respecter l'exigence de l'efficacité attendue pour cette fonction. Ce fut le tournant qui a cassé la dynamique de la primaire qui donnait Ségolène Royal en tête du scrutin présidentiel jusqu'en novembre 2006 et largement.

Le nouveau courant culturel était là.

Pendant les primaires socialistes, elle a défini un nouveau statut du responsable public : celui qui est à l'écoute, qui arbitre parmi les propositions multiples, qui n'intervient plus symboliquement à la tribune au-dessus de l'assistance pour délivrer la bonne parole mais qui est au sein même de l'assistance de plain-pied à la même hauteur que les citoyens …

L'actuel leader qui se positionne sur cette "vague" est Bruno Le Maire. C'est peut-être la même surprise qu'il réserve à l'appareil politique de l'UMP que celle réservée en 2006 à l'appareil du PS ... ?

  • Publié le 19 avril 2015

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